Une mère célibataire offre à son fils une poupée dotée d’intelligence électronique qui, suite à un problème sur une chaîne de montage, développe un instinct meurtrier.
Cette mouture 2019 de Child’s Play est le film d’horreur dont tous les fans parlent le plus à voix basse en sourcillant depuis des mois. L’univers de Chucky tel qu’on l’a connu depuis 1988, malgré ses hauts et ses bas, aurait pu avoir encore des choses à offrir au septième art. Voilà que MGM passe l’éponge et recommence à zéro.
Modifiant les origines de Chucky, qui n’est ici plus possédé par l’esprit d’un tueur fou, mais le résultat d’une défectuosité informatique, on en a également modifié son apparence. Disons-le, ce relooking est hideux. Notre jouet favori a dorénavant l’apparence d’une poupée Bout d’chou figée, avec certaines propriétés des Tamagotchis. Fruit des années 1980, la figurine d’origine renvoyait en partie aux poupées interactives mises sur le marché par la compagnie Playmates, qui faisait galérer les enfants en imposants une série d’accessoires vendues séparément. Le scénario original de Don Mancini critiquait d’ailleurs cette boulimie de publicités aveuglantes que l’on faisait dans le but de lessiver les esprits des enfants en les incitants à vouloir les jouets à la mode. Il pataugeait aussi vers le deuil, et la folie infantile.
Trente ans plus tard, les pantins en plastique avec cassette à ruban magnétique n’étant plus en vogue, on a transformé Chucky en parasite informatique pouvant s’adapter à plusieurs outils technologiques d’aujourd’hui. Le scénario ne s’oriente plus sur l’idée terrifiante d’un étrangleur vivant sous le même toit qu’un gamin, mais sur l’idée que les avancées technologiques pourront conduire l’homme à sa perte. L’idée n’était pas déplaisante, mais aucunement originale. Malheureusement, la charge de la satire que l’on tente de dresser est peu imaginative, et frôle le ridicule au dernier tiers.
Par ailleurs, là où le classique de Tom Holland multipliait les moments anthologiques, cette nouvelle mouture n’en compte aucun. Qui ne se rappelle pas de cette scène inoubliable où Karen confronte la poupée, en s’apercevant que le joujou marche sans piles? Aucun moment dans cette relecture ne fait naître en nous ce type d’anxiété. La simplicité chez Holland, qui prenait racine dans l’imaginaire du spectateur parce qu’on pouvait s’y reconnaître, est mise de côté. On ne pourrait pas dire qu’on passe le film à s’ennuyer, mais le comparatif avec le classique de 1988 fait très mal. Il est aussi assez ironique pour un long-métrage, qui tente de réinventer une figure mythique dans un contexte moderne, d’y injecter autant de références à cette décennie passée dont on souhaite se dissocier. À ce titre, la tape sur l’épaule qu’on lègue à The Texas Chainsaw Massacre 2 reste la plus honorable.
La réalisation du Norvégien Lars Klevberg reste soignée et au service du genre qu’elle dessert. Il a l’audace de remplir son film de scènes gores, à défaut de bien les ponctuer de suspense. On ne pourra pas lui reprocher d’avoir voulu attirer un très jeune auditoire pour voir son film. Du sang, il y en a.
La star montante Aubrey Plaza (Life After Beth) joue correctement la jeune mère, même si elle ne fait aucunement oublier Catherine Hicks. Il faut dire que ses partenaires ont aussi le même problème. Succédant à Brad Dourif pour interpréter la voix du pantin, Mark Hamill est convaincant, sans pourtant imposer sa signature comme l’a immédiatement fait son prédécesseur.
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