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[Critique] « Daddy’s Head » : un cauchemar sur fond de deuil

L’un des thèmes les plus récurrents dans le cinéma d’horreur depuis de nombreuses années est celui du deuil, un sujet métaphoriquement très riche qui se prête particulièrement bien au genre horrifique, en plus d’être universel. Des œuvres comme Hereditary et The Haunting of Hill House l’explorent de manière particulièrement efficace, au point où l’on se demande s’il sera possible de les égaler. C’est là qu’entre en scène la nouvelle sortie sur Shudder, réalisée par Benjamin Barfoot, Daddy’s Head, qui regarde les deux titres cités plus haut et leur demande gentiment de « tenir sa bière ».

Après la mort de son père des suites d’un grave accident, un enfant et sa belle-mère tentent tant bien que mal de combler le vide laissé par le défunt. Si la situation est déjà difficile, elle devient encore plus complexe lorsqu’une créature, dont la tête ressemble trait pour trait à celle du père, fait irruption dans leur vie avec de sombres intentions...
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Si vous cherchez du malaise, de l’inconfort, et une dose d’uncanny valley mélangée à un drame familial intense, Daddy’s Head deviendra rapidement votre nouveau cauchemar cinématographique préféré. La production combine ces éléments de manière extrêmement efficace, et certaines scènes vous feront battre le cœur de stress comme rarement auparavant.

La plus grande force du film réside sans aucun doute dans son atmosphère, d’une rare intensité. Benjamin Barfoot (Double Date) utilise chaque outil cinématographique à sa disposition pour construire une ambiance qui respire la mort et la tristesse, à commencer par sa direction de la photographie, qui refuse de laisser entrer le moindre rayon de soleil dans la résidence des protagonistes. Tout est gris et morne; on a l’impression que l’intégralité de Daddy’s Head est recouverte d’un drap mortuaire à travers lequel on observe. D’ailleurs, la résidence, qui sert d’environnement central au film, est construite dans un style brutaliste épuré, écrasant toute joie de vivre que les personnages pourraient encore ressentir. Même la forêt qui entoure la maison semble en deuil, avec ses grands arbres morts. Bref, l’ambiance est extrêmement réussie.

Il y a bien sûr la créature elle-même, qui se fait discrète dans ses apparitions, mais qui reste marquante à chaque fois qu’elle daigne montrer son visage — ou plutôt celui du défunt qu’elle semble porter comme un masque. Le véritable malaise provient cependant de sa voix, qui tente de manière répétée d’imiter celle du père sans jamais réussir à sonner totalement humaine. Cette créature est franchement glaçante et figure parmi les plus terrifiantes de l’horreur moderne. Malheureusement, le réalisateur semble ne pas savoir quoi en faire une fois le climax de ses scènes atteint. Chaque fois que le monstre est sur le point d’attaquer, le montage coupe au lendemain matin. Le manège devient frustrant, car le film adopte la formule de manière récurrente, empêchant ainsi Daddy’s Head d’atteindre tout son potentiel. Ces coupes à blanc donnent l’impression que Barfoot n’assume pas totalement l’aspect horrifique du film, préférant se concentrer sur le drame familial.

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Ce drame familial, si central au récit, est d’ailleurs un peu maladroit dans son écriture. On focalise sur le lien entre le jeune garçon et sa belle-mère, une relation très tendue, car cette dernière souffre visiblement d’alcoolisme et rejette constamment son nouveau rôle parental. Bien que Julia Brown (The Alienist) interprétant la belle-mère soit très talentueuse, l’ensemble victime de nombreuses faiblesses du scénario finit par ressembler à du remplissage. Il s’agit de l’aspect le plus cliché et le moins captivant du récit.

Daddy’s Head demeure toutefois une exploration réussie du deuil de son protagoniste, en plus de provoquer un malaise réel. Si vous êtes capable d’accepter son atmosphère lourde et pesante, vous passerez un excellent moment devant ce film.

Daddy's Head est disponible sur:
Note des lecteurs0 Note
Pour les fans...
de sentiments de malaises
de créatures pas tout à fait humaine
4
Note Horreur Québec

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