Il y a maintenant un certain temps qu’on entend parler du documentaire Dario Argento Panico dans lequel on nous promettait une véritable incursion dans l’univers et la psyché du maître italien de l’horreur. Il est dorénavant disponible en exclusivité chez Shudder Canada.
Alors qu’il se retire dans un hôtel luxueux pour travailler sur un scénario, une équipe de tournage suit le cinéaste culte dans sa chambre pour lui faire la causette et pour aborder sa carrière.
Ce qui attirait l’attention sur ce énième documentaire portant sur celui qui a donné ses lettres de noblesse au giallo, c’était de le voir travailler et de comprendre comment lui vient ses idées. On avait envie de le voir s’interroger face à ses doutes et sourire quand lui vient une vague d’inspiration. Malheureusement, Argento, qui a accepté une équipe de tournage dans son entourage, ne s’y livre pas suffisamment. Les fanatiques du cinéaste qui ont parcouru sa fascinante autobiographie intitulée Peur ont déjà eu la chance de découvrir en détail chacune des anecdotes qu’il résume trop rapidement devant les caméras.
Le cinéaste Simone Scafidi, responsable de Fulci for Fake, comprend certes son sujet et va chercher des intervenants avec du piquant comme Gaspard Noé, Guillermo del Toro et Nicolas Winding Refn. Ces derniers expriment chacun à leur manière cette admiration qu’ils ont pour le cinéaste, mais nous apprennent-ils vraiment quelque chose?
Si on compare ce documentaire avec les nombreux autres existants sur Argento, on ressent une redite énorme. Scafidi n’y dissèque que très peu les récents opus de l’homme et évite le plus possible d’aborder leurs échecs avec le principal concerné. Il s’agit d’une forme de respect louable, mais qui aurait pu donner une tribune non négligeable au réalisateur face à certains reproches. Nous savons tous que Suspiria et Deep Red sont majestueux, mais le voir défendre Mother of Tears ou Dracula 3D aurait peut-être pu lancer certaines nouvelles clés de lecture. Scafidi se contente de montrer un Argento désillusionné et grincheux, qui semble trop facilement accepter le glas de son heure de gloire.
De façon arbitraire, le documentariste suppose que les films succédant à Opera sont moins majeurs alors que son épisode du diptyque Two Evil Eyes était monumental et qu’une partie de ses fans vouent un culte incontournable à The Stendhal Syndrome. La relecture caustique de La Belle et la bête pour l’épisode Jenifer de la série Masters of Horror ne semble pas non plus avoir impressionné Scafidi non plus. On se contente paresseusement de nous souligner qu’Opera a marqué un tournant désavantageux pour lui. Par ailleurs, Dario Argento Panico ne se gêne aucunement de piger certains entretiens de documentaires précédents.
L’autre bémol perceptible est le fait que si Dario Argento Panico n’apprend rien de nouveau aux initié·e·s du maître, il n’est pas non plus le film idéal pour ceux et celles découvrant le réalisateur, qui devraient plutôt se rabattre sur Dario Argento’s World of Horror. Ce précédent film didactique, qui a donné envie à toute une génération de découvrir ses films, nous montrait des visites de plateaux farfelues et l’artiste n’avait pas peur de se mouiller en expliquant à ses fans ses différentes manies. Ce nouveau documentaire, en revanche, fait l’effet d’une notice nécrologique publiée avant son temps.
Au final, Dario Argento Panico n’est aucunement le plat de résistance attendu pour les cinéphiles qui le connaissent depuis longtemps, mais plutôt une collation sur le pouce non déplaisante.
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