dexter poster

[Critique] «Dexter: New Blood»: carte blanche pour une rédemption en rouge

1er octobre 2006; le monde télévisuel a été éclaboussé en lettres de sang par un prénom qui allait laisser une marque indélébile dans la culture populaire: Dexter. Expert médico-légal en analyse de projection de sang durant le jour, et tueur en série la nuit, voilà une introduction des plus énigmatiques. Mais au-delà de l’intrigue, de la mise en scène expéditive, ou encore de la musique qui parfume le cerveau d’un épisode à l’autre, c’est la pointe d’humour décontractée et surtout l’habile portrait psychosocial du personnage central qui aura agrippé violemment le public pendant huit saisons.

Malheureusement, au bout de 96 épisodes, l’aventure sanglante de l’antihéros préféré de l’Amérique aura connu une fin des plus fades, laissant des millions de fans dans la confusion totale. Avec Dexter: New Blood, le créateur Clyde Phillips, également producteur et scénariste, nous livre une avalanche de dix épisodes ayant pour seul but de redonner des lettres de noblesse au célèbre tueur.

C'est donc presque une décennie plus tard, dans le décor bucolique et hivernal de la petite ville d'Iron Lake qu'on retrouve ce cher Dexter, en apparence complètement changé. Maintenant commis dans un magasin de chasse et connu sous le pseudonyme de Jim Lindsay, Dexter mène une vie paisible, entouré de gens sympathiques, qui semble avoir eu raison du sombre passager en lui. Le vent tourne lorsque le jeune Matt Caldwell disparaît mystérieusement après avoir tuer un cerf blanc, non loin du chalet de Dexter. La chef de police, aussi conjointe de Dexter, organise aussitôt des recherches à travers le boisé. C'est dans cette atmosphère déjà chargée que surgit Harrison, le fils longtemps abandonné de Dexter. Jeune ayant l'esprit aussi vif que son père, il lui révèle qu'il connait sa véritable identité, sans pour autant connaître les méfaits troublants du passé de son père. Dexter est plus que désireux de rattraper le temps perdu avec Harrison mais tant de questions se soulèvent: la disparition du jeune braconnier cache-t-elle un plus grand mystère? Est-ce que le sombre passager est devenu l'héritage d'un père à son fils?
Dexter New Blood affiche série

Dexter: New Blood renoue avec l’écriture pragmatique des deux premières saisons, où chaque détail compte, où chaque pierre est retournée sur elle-même pour ne rien laisser au hasard. C’est avec bonheur qu’on retrouve Michael C. Hall dans son rôle iconique, qui n’a rien perdu de sa vigueur des premiers jours. La mise en scène comme le scénario laissent également une impression de déjà vu; on dévoile une galerie de personnages un peu brouillon qu’on ne manquera pas d’étoffer dans une cascade d’intrigues. Cet usage familier n’offre pas de véritables surprises. La relation père-fils, quant à elle, apporte son lot d’émotions et d’ingéniosité.

Le retour du fils prodigue

L’attrait principal de cette nouvelle saison se trouve dans la construction de la relation entre Dexter et son fils, Harrison, campé avec brio par Jack Alcott. Si au premier abord on peut redouter que la venue de Harrison n’est qu’une tentative des scénaristes pour mettre de la chair autour de l’os paternel, la démarche ne s’arrête pas là.

Non seulement le jeune acteur offre une prestation convaincante, mais le spectateur assiste au développement d’un personnage rusé et riche dans ses facettes émotionnelles. La dynamique sans faille de ce duo permet au père de s’élever en tant que modèle tout en laissant planer le doute sur les ramifications de la nature profonde du fils. Tout comme Dexter, Harrison est né dans le sang et les conséquences de ce baptême sadique ont des répercussions pour le moins inattendues sur la psyché de l’adolescent. Le jeune homme affiche une ressemblance troublante avec celle de Dexter et rendra ce dernier capable du meilleur comme du pire.

Au final, le jeu en aura valu la chandelle, puisque cette dernière mouture, en apparence glaciale, ne manque pas de chaleur. Dexter: New Blood bénéficie d’un casting éloquent, avec la participation de Clancy Brown et Jennifer Carpenter. Ancré dans un réalisme qui ne perd jamais pied, le tout s’achève dans une conclusion à la fois choquante et émouvante, permettant enfin aux spectateurs de faire la paix avec leur tueur favori.

Note des lecteurs17 Notes
Points Forts
Relation père/fils bien développée
Brillant casting
Conclusion satisfaisante
Points faibles
Même recette renouvelée
Sentiment de déjà-vu
3.5
Note Horreur Québec

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