Il était une fois un jeune scénariste et son script horrifique mettant en vedette une poupée maléfique, sur lequel un producteur trippe, pour ensuite engager un certain Brad Dourif et tourner un premier film sorti en 1988, dont le succès engendra une franchise devenue iconique.
Si vous lisez ceci, vous connaissez probablement les gars formant la Sainte Trinité ayant donné vie à celui qui est né Charles Lee Ray. On parle évidemment de Don Mancini, scénariste et parfois réalisateur, David Kirschner (An American Tale, Hocus Pocus), son fidèle producteur aussi actif et créatif qu’impliqué et, bien évidemment, l’acteur culte susmentionné, alias la seule et unique voix de Chucky. Ah… le bon Brad Dourif, que vous avez aussi vu et adoré dans le troisième Exorcist et le quatrième Alien, mais surtout qui a joué sous la direction de David Lynch (Blue Velvet, Dune), Rob Zombie (ses deux Halloween) et Peter Jackson (la trilogie The Lords of the Ring).
On en entend se demander si, après avoir visionné tous les extras de DVD/BluRay et surtout Living With Chucky (2023), on avait vraiment besoin d’un autre documentaire sur la franchise? Les fans finis de Chucky répondront un retentissant « oh que oui ». Ça tombe bien, Doc of Chucky vient d’arriver sur Shudder.
Contrairement au sympathique, mais incomplet film de Kyra « fille de Tony » Gardner (lisez la critique de votre scribe ici), presque tout le monde est là pour raconter toutes sortes d’anecdotes parfois inédites. Outre de l’indivisible power trio mentionné plus haut, sont aussi présents la plupart des réalisateurs (incluant Tom Holland, le grand absent de Living With...), producteurs, compositeurs, artistes SFX et acteurs dans ce documentaire durant cinq heures.
Sérieux, on ne voit pas le temps passer
De prime abord, vous avez raison de penser qu’un film de cinq heures (!!!!!), c’est long en s’il vous plait. En fait, si on l’avait découpé en 6 épisodes en vous le vendant en série, vous n’auriez absolument rien dit. Or, personne ne s’était plaint lorsque le même réalisateur (Daniel Farrands) s’était épandu en long et en large sur deux autres de nos slashers préférés, soit les franchises de Freddy et Jason via les films-fleuves que sont Never Sleep Again (2010; 4h) et Crystal Lake Memories (2013; 6h40m).
À l’instar de ses susmentionnés prédécesseurs, le documentaire est des plus dynamiques, avec son montage survitaminé, destiné à vous empêcher de sortir votre téléphone et d’aller niaiser sur internet. Bref, c’est parfait pour contrer les TDAH (votre scribe en sait quelque chose). Pour vrai, soyez rassuré·e·s : on n’est tellement pas dans un ronflant et paresseux docu de têtes parlantes filmées dans le confort de leur foyer.
Vous voulez savoir ce que Dee Snider pense de Chucky? Pourquoi Holland (Fright Night) n’est-il pas revenu pour la suite de Child’s Play? Quel « hommage » on lui a rendu dans le deuxième film et comment Peter Haskell a eu son rôle de vieux-pas-gentil (qui revient se faire trucider dans le 3)? Pourquoi l’iconoclaste cinéaste queer John Waters se fait reconnaitre dans la rue grâce à Chucky? Dans quels volets jouent Katherine Heigl et Andrew Robinson (l’écorché du premier Hellraiser)?
Qui de Child’s Play, Terminator et Halloween a fait revenir en premier son protagoniste originel pour affronter son némésis?
Vous apprendrez les réponses à toutes ces questions et plus encore. On parle également avec amour de celles et ceux aujourd’hui disparus (dont Alexis « The Wedding Singer » Arquette et John « Stay Tuned » Ritter), en plus de passer évidemment pas mal de temps avec celles qui ont redonné vie à la franchise, soit Jennifer Tilly (Bound) et Fiona « fille de Brad » Dourif.
Plein la vue!
Ici, les entrevues sont bonifiées de tonnes de photos animées, d’extraits de films et de vidéos captées en coulisse (lors des tournages américains, canadiens et européens), de sketchs et storyboards, en plus de brèves séquences animées en guise de transitions entre les chapitres. Du coup, l’image complémente avec brio les propos des différents intervenants qui se succèdent pour raconter l’histoire de notre poupée préférée à travers toutes ses aventures et incarnations.
Si plusieurs prises ratées sont également incluses (du bonbon!), une place de choix a aussi été faite aux effets spéciaux, notamment sur la complexité d’avoir souvent à l’écran un antihéros non humain et hautement technique, car bourré de mécanique et d’électronique qui dépendent du talent de dizaines d’artisans.
On nous dévoile également une foule de détails sur la production des sanglants et souvent inventifs meurtres de Chucky. Surtout que tous les interprètes se font un malin plaisir de revenir sur les morts de leurs personnages respectifs, commentées aussi par les artistes visuels et marionnettistes. Il est aussi question de l’apport considérable des pros que sont Kevin Yagher et Tony Gardner sur les SFX de la franchise.
Les hauts et les bas de Charles Lee Ray
Il faut savoir que si les aventures de notre bon gars connurent de beaux succès critiques et commerciaux (l’original, Bride of Chucky), certains volets furent des échecs (Child’s Play 3, Seed of Chucky), qui auraient pu enterrer la poupée à jamais.
Or, Mancini étant un cinéphile fini (avouant sans peine emprunts et influences, d’Alfred Hitchcock à Brian De Palma en passant par James Whale et Ed Wood), il a su réinventer la franchise à plusieurs reprises. En plus d’inclure autant d’humour noir et d’ironie autoréférentielle que possible, Mancini a aussi rendu unique et ultra-inclusive sa franchise, en ne se gênant absolument pas pour nous en faire voir de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, prouvant hors de tout doute que son diminutif croquemitaine est réellement éternel et pas tuable.
La seule ombre au tableau réside dans le fait qu’on ne parle jamais ni de la refonte de Child’s Play ni de la série télé. Le fait que cette dernière n’ait pas été incluse ici relève de l’ineptie, comme elle est en tout point la suite des plus récents films de la franchise, les principaux membres de l’équipe y ayant participé… m’enfin.
Malgré ce petit bémol susmentionné, après ces cinq heures aussi fun et geek que nostalgiques, vous aurez absolument hâte de revoir ce bon vieux Chucky dans son prochain film (comme la série n’a hélas pas été reconduite), sur lequel Mancini et compagnie planchent en ce moment. À suivre…
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