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[Fantasia 2023] « Emptiness » : le titre nous avait prévenus

Après nous avoir offert Respire, une proposition rafraîchissante et sincère à propos du racisme, le réalisateur québécois d’origine turque Onur Karaman s’essaie cette fois-ci à un récit de genre. Voguant entre horreur, drame et thriller psychologique, Emptiness ne parvient pourtant jamais vraiment à trouver de ligne directrice, et est malheureusement victime de ses maladresses.

Tourmentée par la récente disparition de son mari, Suzanne (Stéphanie Breton) s’isole dans une maison de campagne avec une poignée d’individus, vivant une sorte de délire paranoïaque. Entre le réel et l’imaginaire, errant dans des zones imprécises, elle est tourmentée par une présence, un mal-être. Celui-ci se manifeste autant au sein des habitants de la maison, qu’elle s’imagine se retourner contre elle, que dans les délires hallucinatoires qu’elle expérimentera à mesure que l’intrigue se dévoile et que ce qui lie les personnages se clarifie.
Emptiness affiche film

Dès le début du film, on comprend bien le ton de la proposition: de longs plans esthétiques servis par une conception sonore et une imagerie très austères. Il s’agit d’un film rythmé, structuré et servi par ses interprètes, dans la tradition du cinéma plus sobre de Bergman, par exemple. Mais ce type de réalisation peut facilement basculer entre le génie et le cringe, et Emptiness verse malheureusement vers la deuxième catégorie.

On sent et perçoit une volonté à la réalisation et des idées qui ne sont pas inintéressantes, mais qui sont complètement camouflées par les dialogues trop mélodramatiques et une mise en scène maladroite. Le film est calculé au quart de tour, mais cette précision formelle semble contraindre ses personnages, plutôt que l’inverse. Ceux-ci se contentent donc d’énumérer leurs sentiments au travers de leurs répliques. Et malgré le travail des interprètes étrangement dirigés, une réalisation bien trop tape-à-l’œil, jumelée à des choix esthétiques nébuleux, divertit de tout le reste.

Malgré tout, on ne peut pas nier une certaine vision qui se dégage de l’ensemble de l’oeuvre. Le film n’est résolument pas comme les autres, et on sent un parti pris, autant dans les cadrages que le ton donné par le jeu et le montage. Mais difficile pourtant de justifier la pertinence de ces choix, qui ne semblent guidés par rien de très clair et constant.

Au cours d’Emptiness, au moins, on comprendra de plus en plus l’état d’esprit dans lequel baigne le personnage principal. Sa psyché particulière pourra effectivement justifier et répondre à certaines interrogations que le public pourrait avoir sur la nature du film. Mais même ces explications ne rattrapent pas les détours narratifs convenus et sans surprise qu’on nous propose. Les quelques revirements dramatiques, aussi importants soient-ils, seront décodés bien avant l’heure par un œil averti.

On ne peut nier l’audace du réalisateur, qui s’essaie à un genre bien différent de ses anciennes propositions. Mais à trop vouloir styliser le récit, on s’essouffle, et le résultat est un film qui se cherche, mais qu’on ne veut pas réellement trouver.

Note des lecteurs1 Note
Pour les fans...
d'un cinéma plus sobre porté par sa distribution
de drames psychologiques austères
2
Note Horreur Québec

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