Le Mangeur d’âmes est le tout dernier film attendu des cinéastes Julien Maury et Alexandre Bustillo. Depuis la sortie de l’inoubliable À l’intérieur, le duo nous a offert une série de longs métrages durs, crades et qui, s’ils ne font pas l’unanimité, ont toujours fait jaser. Qu’en est-il de ce nouveau-né?
Dans une petite ville en montagne, une policière chargée de résoudre une histoire de meurtre, et un capitaine enquêtant sur des disparitions comprendront vite que leurs deux affaires sont la même, qui pourrait découler d’une vieille légende urbaine mettant en scène un personnage macabre que l’on nomme « Le mangeur d’âmes ».
Cette adaptation du roman éponyme d’Alexis Laipsker nous offrait une entrée en matière pas si mal. L’idée, assez adroite de faire concorder deux enquêtes, semblait vouloir l’emporter sur la sempiternelle comparaison entre les croyances campagnardes et la rationalité de la ville. Malheureusement, l’intrigue multiplie les clichés et culmine dans une finale aussi neutre que vaseuse, qui laisse le public complètement indifférent.
Si Maury et Bustillo réussissent à créer une certaine ambiance angoissante, on a ce sentiment désagréable qu’ils tentent de minimiser la violence et les scènes viscérales. Il y a bien sûr des passages sanglants dans Le Mangeur d’âmes, mais aucun d’entre-eux ne semble mémorable et nous fait de l’œil. C’est comme si les deux cavaliers de l’horreur crue, où la violence faisait office de parti pris esthétique, voulaient se donner un style plus épuré.
Quant à elle, la direction d’acteur·trice·s est acceptable, mais les personnages sont si schématiques que la brochette d’interprètes chevronné·e·s peine à leur donner de la saveur. Virginie Ledoyen (Huit femmes) ne semble pas toujours à l’aise en policière, et il est accablant de voir la grande Sandrine Bonnaire (Sans toit ni loi) jouer un rôle aussi risible.
Cette critique était publiée lors de l’édition 2024 du festival Fantasia.
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