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[Critique] « Oddity » : mannequin terrifiant prisonnier d’un scénario chambranlant

Le titre Oddity renvoie aux fameux cabinets des curiosités, ces meubles remplis d’objets mystérieux, étranges ou simplement singuliers qui ont fait leur apparition en Europe à l’époque de la Renaissance. Ce deuxième long métrage de Damian Mc Carthy (Caveat) en est tapissé, à la seule différence que ses objets à lui sont tous hantés. Les adeptes de films d’horreur paranormaux à la The Conjuring et Annabelle Comes Home voudront certainement voir ce nouveau titre, promis à Shudder plus tard cette année.

Darcy, une voyante aveugle et propriétaire d'une boutique d'objets maudits, est déterminée à lever le voile sur la disparition de sa sœur jumelle Dani, décédée dans des circonstances nébuleuses alors qu'elle rénovait sa nouvelle maison acquise en compagnie de son mari dans la campagne irlandaise. Avec l'aide de l'œil de verre du dernier homme l'ayant aperçu vivante, maintenant lui aussi décédé, ainsi qu'un étrange mannequin, la médium pourra peut-être enfin régler l'affaire.
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Gagnant d’un prix du public aux derniers SXSW et Overlook Film Festival plus tôt cette année, les attentes étaient élevées pour le film qui marquait la toute dernière projection de l’édition 2024 de Fantasia dimanche dernier. Et il faut dire qu’Oddity est effectivement très amusant à voir « en gang » : le film renferme un nombre appréciable de scènes terrifiantes, d’une rare efficacité, qui ont fait trembler la salle de belle façon lors de la projection.

C’est en particulier la faute de cet abominable pantin en bois qui surgit en cours de route. L’immense sculpture mobile qui hurle en silence, un visage rappelant la célèbre œuvre Le cri du Munch, terrorise par sa simple présence dans la demeure. Mc Carthy l’utilise à bon escient — en plus d’autres trouvailles payantes comme cet appareil photo programmé pour prendre des clichés automatiquement — lors de scènes où son apparence nous est lentement dévoilée. Et c’est sans parler de cette scène d’ouverture anthologique, où Dani (Carolyn Bracken, You Are Not My Mother) se retrouve prise au piège entre un intrus à l’extérieur ou un autre à l’intérieur; on vous laisse le soin de le découvrir.

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C’est au niveau de l’écriture qu’Oddity perd de ses plumes. La narration alterne entre les retours en arrière de manière stimulante dans la première moitié du film qui met en place ses informations au compte-goutte. Le stratagème devient néanmoins redondant au fil du temps, particulièrement lorsqu’on abuse de ces flashbacks pour expliquer de simples déductions, le scénario ne parvenant pas à faire confiance à l’intelligence de son public.

Outre ces constants va-et-vient entre le passé et le présent, les motivations de certains personnages — on reste vagues pour éviter de trop en dévoiler — deviennent carrément risibles lors de dévoilements peu crédibles, tout comme une poignée de dialogues maladroits qui ont beaucoup fait rire le public de Fantasia. Nul doute qu’Oddity comporte d’excellentes idées nouvelles et originales dans le domaine du film de fantômes, mais son écriture approximative et ses personnages typés l’empêchent de véritablement s’élever en tant que nouveau classique du sous-genre, et c’est plutôt dommage, parce qu’on y était presque. L’interprétation peu convaincante de l’ensemble de la distribution et la réalisation sans éclat de Mc Carthy n’aident pas la cause non plus.

Pour ce qui est des jump scares et des moments de frayeurs, Oddity a tout bon et vous fera vivre un délicieux petit cauchemar de 98 minutes. Autrement, mieux vaut consommer ce dernier comme un simple divertissement et profiter du tour de manège sans trop le décortiquer.

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des films de fantômes remplis de jump scares efficaces
de mannequins en bois tétanisant
de tout ce qui touche au paranormal
3.5
Note Horreur Québec
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