Le 21 juillet dernier avait lieu la première mondiale de Scared Shitless, réalisé par Vivieno Caldinelli, une comédie d’horreur au titre délibérément trompeur; nullement effrayé, le public de Fantasia s’est bien dilaté la rate tout au long du film et chacun a pu emporter avec soi un chandail illustré d’une toilette habitée par une étrange créature.
Don (Steven Ogg, The Walking Dead), un plombier à la moralité plutôt conservatrice, insiste pour que son fils Sonny (Daniel Doheny, Brand New Cherry Flavor), atteint d’une germophobie handicapante depuis la mort mystérieuse de sa mère, l’accompagne pour un contrat de travail. La tâche devait être simple : déboucher la toilette d’une vieille dame seule, qui a surtout besoin de compagnie. Malheureusement, un autre résident de l’immeuble, un scientifique fou à l’emploi du gouvernement, ramène une créature gluante, violente et assoiffée de sang chez lui. Celle-ci s’échappe par les tuyaux de la toilette, ce qui amène des complications inattendues aux deux plombiers, qui auront besoin de beaucoup plus qu’un débouche toilette pour finir la job…
Le travail de Steven Kostanski (Psycho Goreman) sur la créature est évidemment remarquable. Celle-ci crève l’écran (pour tout dire, elle crève bien plus que l’écran!) sans trop laisser de suspense au moyen d’effets pratiques bien réussis, ce qui permet de l’admirer à l’œuvre à plusieurs reprises, alors qu’elle surgit des toilettes pour s’attaquer à ses victimes insouciantes. D’ailleurs, si on était en droit de s’attendre à un humour pipi caca, les éléments scatologiques sont utilisés avec parcimonie, alors que le gore éclabousse l’écran. De même, les scènes « de toilette » sont presque inexistantes, mais les cœurs sensibles doivent se préparer à voir des membres coupés et beaucoup de sang couler dans des mises en scène loufoques et démesurées.
L’humour de Scared Shitless se trouve aussi dans les répliques pince-sans-rire qui témoignent du sang-froid des personnages coincés dans une situation qui les dépasse complètement. La chimie des acteurs se ressent dans leurs interactions, et l’on s’attache rapidement à leur personnalité et à la dynamique interne du groupe qui développe des liens solides face au monstre qui menace l’immeuble et ses résidents. Le tout se déroule au rythme de la trame sonore efficace et totalement assumée, composée principalement de morceaux de rock canadien.
Le jeu des principaux acteurs est remarquable, surtout celui de Steven Ogg, dont les manières (particulièrement le sourire) ne sont pas sans rappeler Jack Nicholson dans Anger Management. Le niveau de jeu, qui frôle le surjeu sans tomber dans la farce, est difficile à naviguer, mais la plupart des acteurs le maîtrise très bien. Ce choix artistique donne le ton de la trame narrative qui ne doit pas être trop prise au sérieux.
Malheureusement, certains éléments s’éloignent du fil conducteur et nous laissent confu·e·s ou frustré·e·s. Ces fils flottants donnent l’impression que le scénario avait prévu des scènes explicatives qui auraient été coupées pour respecter les contraintes de tournage. Par exemple, les personnages principaux font rapidement allusion à un événement important du passé, sans jamais l’expliciter… Serait-ce plutôt un signe qu’une suite est à venir? De façon similaire, la scène dramatique se déroule trop vite et manque un peu de cœur, ce qui est dommage parce que les éléments de l’histoire sont bien mis en place pour qu’elle ait l’effet escompté.
Pendant la période de questions suivant la projection, un des membres de l’équipe a mentionné que l’objectif principal était de simplement faire « un film divertissant ». Cette cible est assurément atteinte : Scared Shitless est un film hilarant, explosif, sanglant… et plutôt gluant.
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