Le film canadien Self Driver semblait proposer avec son synopsis quelques touches intéressantes, mais qui pouvaient être très risquées pour un jeune cinéaste. Malgré de bonnes idées de départ, trop de petits films indépendants finissent par tourner en rond et ne pas avoir les moyens de leurs ambitions.
Épuisé du covoiturage peu lucratif, un jeune homme accepte de faire le taxi pour une compagnie plus payante, mais qui exige de lui qu’il suive à la lettre les commandements de l’application qu’on lui donne, en plus de ne jamais accorder la parole à ses passagers. Mais les ordres de son GPS deviennent de plus en plus extrêmes et inquiétants.
Tourné avec un budget microscopique, Self Driver, qui se déroule en grande partie dans le véhicule du protagoniste, est le genre de film qui aurait pu facilement tourner en rond. Pourtant, le rythme allègre est soutenu par un scénario dont la tension dramatique et le suspense ne cessent de croître. Si les personnages semblent parfois caricaturaux, leurs interventions dégagent une ombre de satire non négligeable, et les épisodes dans lesquels nous les rencontrons sont souvent bien construits.
Pour son premier long métrage, dont il a signé aussi le scénario, Michael Pierro utilise merveilleusement bien les rues de Toronto pour générer une forme de malaise urbain, tout en exploitant au maximum les plans plus serrés imposés par la contrainte du véhicule. C’est excessivement surprenant de voir ce qu’il réussit à faire avec quelques malheureux dollars.
Le film doit énormément à l’acteur Nathanael Chadwick (The Last Porno Show), solide d’un bout à l’autre de l’aventure, et qui a presque toujours la caméra braquée sur lui.
Au final, Self Driver est une belle petite surprise. L’ensemble fonctionne bien et demeure très divertissant.
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