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[Fantasia 2024] « Wake up » : réveiller les consciences un meurtre à la fois

Quasi un an après sa sortie en salle en Europe, Wake Up, le nouveau film du trio québécois RKSS, composé de François Simard, Anouk Whissell et Yoann-Karl Whissell, se pointait enfin le bout du nez chez nous, gracieuseté du festival Fantasia.

Quand un groupe d'activistes environnementaux s'infiltre dans un magasin de grande surface pour le vandaliser en signe de protestation contre les pratiques de l'entreprise, un gardien de sécurité psychotique, également chasseur à ses heures, décide de les traquer...
Wake Up POSTER

Wake Up prend la forme d’un néo-slasher dans lequel nos activistes seront violemment assassinés les uns après les autres, souvent par des pièges artisanaux posés par le tueur à la manière d’un Home Alone horrifique — le tueur s’appelle d’ailleurs Kevin. Les mises à mort sont particulièrement brutales grâce à une excellente conception sonore, qui nous fait ressentir chaque impact comme si nous y étions, et ses effets pratiques, vraiment réussis, offrant une série de meurtres étonnamment violents et plutôt réalistes. L’idée de centrer l’action dans une version fictive d’un IKEA est d’ailleurs excellente, le bâtiment permettant une bonne variété de décors ainsi qu’un beau paquet d’outils, de meubles et d’objets prêts à être transformés en armes mortelles.

La mise en scène du trio déborde d’ailleurs d’idées superbes pour rendre la traque de Kevin plus intéressante que votre slasher habituel. On pense entre autres à une scène dans le noir complet où nos activistes sont recouverts de peinture phosphorescente, les rendant aussi lumineux qu’un sapin de Noël. Cela dit, si les trouvailles sont bien présentes, la trop courte durée du métrage (83 minutes) ne permet jamais à Wake Up de les exploiter pleinement. Une idée comme celle décrite plus haut est introduite, mais la scène ne dure qu’une ou deux minutes, ne laissant jamais au public le temps d’en profiter suffisamment, et c’est bien dommage.

Wake Up est aussi très sombre dans son ton, une première pour RKSS. C’est plutôt réussi pour la majorité du récit, entre autres grâce au jeu des acteurs principaux qui font ressentir leur terreur et leur désespoir grandissants de manière tout à fait crédible. Le tout n’opère toutefois pas sans maladresses. Par exemple, l’acteur irlandais Turlough Convery (Saint Maud) qui interprète Kevin donne une performance très intense émotionnellement; on le sent toujours sur le point de perdre le contrôle et cette imprévisibilité rend son personnage d’autant plus terrifiant. Ceci dit, l’homme en fait beaucoup trop par moments et sa prestation perd en crédibilité. On en vient à se demander comment cet homme visiblement instable et dangereux a non seulement pu obtenir un emploi quelconque, mais aussi pourquoi il n’est pas déjà en prison. Son jeu fonctionne merveilleusement bien lorsque la chasse est enclenchée, mais aurait dû être plus subtil dans le premier acte pour créer une descente plus progressive vers la folie meurtrière.

Le ton se casse aussi les dents lors de certaines scènes frôlant le ridicule, par exemple lorsque Kevin donne un ultimatum au groupe et que la source de tension provient du succès ou de l’échec de l’assemblage d’un meuble. C’est un peu dur de prendre ça au sérieux, même si les personnages s’exécutent immédiatement.

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Avec un postulat de départ comme celui-ci et un titre comme Wake Up, il est facile de se dire qu’on se retrouvera devant un film d’horreur hautement politique et satirique. C’est là où la noirceur thématique du film se fait le plus ressentir. Wake Up ne veut pas réellement parler d’activisme environnemental, bien que ça ne soit pas un hasard que l’antagoniste soit un chasseur et que les militants portent tous des masques d’animaux. Cet aspect du récit n’est que le point de départ pour aborder la difficulté quasi insurmontable d’apporter toute forme de changement dans un système capitaliste. Les activistes représentent donc cette volonté de changer les choses et Kevin représente ce système prêt à tout pour continuer de prospérer. La dernière scène du film renforce d’ailleurs toutes ces thématiques de façon assez intelligente.

Wake Up est donc un film maladroit par moments, mais diablement efficace dans son ensemble. Si le trio de cinéastes à sa barre a déjà prouvé leur savoir-faire en comédie, ce dernier titre s’avère très prometteur pour des œuvres plus sérieuses et on a très hâte de les découvrir.

Note des lecteurs4 Notes
Pour les fans...
de fanfictions horrifiques de Home Alone
de chasses à l'homme
3.5
Note Horreur Québec

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