Premier long métrage du réalisateur Anthony Cousins (segment dans les films à sketches Scare Package et Fat Fleshy Fingers), Frogman s’inscrit dans le genre du found footage en respectant les conventions établies. Filmé à l’épaule ou avec un téléphone portable à la main, ce long métrage de 80 minutes a été réalisé avec un budget limité, privilégiant ainsi les effets spéciaux pratiques et mettant en vedette des acteurs peu connus. Alors que ces éléments ont fonctionné à merveille pour des films comme The Blair Witch Project et Paranormal Activity, ils ne réussissent cette fois-ci aucunement à sauver la mise.
Lors d'un voyage en famille, Dallas, 12 ans, et sa sœur se retrouvent face à une créature étrange prenant la forme d'une grenouille de taille humaine. Bien que capturée en vidéo, leur découverte suscite le scepticisme et les moqueries, ce qui plonge Dallas dans le désespoir alors qu'il insiste sur la réalité de ce qu'il a vu. Pour faire taire les mauvaises langues et reprendre le contrôle de son récit, il décide, 20 ans plus tard, de partir à la recherche du « Frogman » en compagnie de deux amis.
Silence, on tourne… en rond!
Comme tout bon found footage, Frogman débute avec la mise en place habituelle qui nous présente les personnages à travers des situations des plus ordinaires : le pliage des bagages, l’embarquement en voiture et des conversations superficielles pour combler les silences du road trip. Bien que l’approche soit acceptable pour créer une atmosphère naturelle, il faut éviter à tout prix de s’égarer dans la futilité. Après 40 minutes de dialogues et de mises en situation qui n’apportent rien au développement du scénario, on commence à se demander si la réalisation choisit de temporiser avant de livrer l’horreur de manière condensée ou si les contraintes budgétaires sont responsables de ces minutes perdues.
Le film utilise deux caméras distinctes : un téléphone portable et une petite caméra à main pour créer une esthétique visuelle rétro, renforçant ainsi l’atmosphère anxiogène. Le passage d’un dispositif à l’autre ne perturbe pas l’expérience. Cependant, les moments captés s’insèrent plutôt maladroitement dans le déroulement de l’histoire. Cette incohérence constitue un piège délicat dans les films du genre, qui cherchent à être entièrement basés sur des enregistrements et se trouvent donc trop souvent à inclure des moments que le commun des mortels n’aurait pas documentés.
On aura tout vu!
Lorsque finalement leur quête aboutit et que la bête est retrouvée, on aurait aimé, nous aussi, célébrer avec un aperçu de la chose. Mais comme on pouvait s’y attendre, dans cette sombre forêt et à travers la lentille d’une caméra portée par une main tremblante, on ne peut que supposer avoir aperçu quelque chose, nous aussi. Tandis que les personnages sautent de joie en ayant enfin la preuve ultime de l’existence de la créature, on se retrouve assis sur la banquette arrière, restant pour l’instant sur notre faim.
Mais ne désespérez pas, car le Frogman (un nom devenant de plus en plus ridicule à force d’être prononcé par une série de personnages peu crédibles) nous fait l’honneur de sa présence à l’écran, de la tête aux pieds (palmés), un peu plus tard. Son apparition nous laisse littéralement stupéfait, mais pour toutes les mauvaises raisons. Déconcertés par la tournure série B que prend le film, on se questionne : sommes-nous face à une satire ou à un réel fiasco?
Incontournables pour éviter l’ennui
En somme, il existe une panoplie d’excellents found footages, certains remarquablement bien ficelés et efficaces (Host), d’autres oscillant entre le loufoque et l’anxiogène (Deadstream) et, une poignée d’entre eux, tout simplement terrifiants (Gonjiam Haunted Asylum). Et bien que quelques franchises aient étiré et dilué leur sauce avec trois ou quatre suites souvent superflues, le style regorge néanmoins de productions intelligentes et hautement aptes à nous procurer de véritables frissons.
Cela dit, Frogman pourrait très vraisemblablement ne pas être à la hauteur de vos attentes. Il serait donc peut-être préférable de chercher ailleurs pour une expérience plus captivante.
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