Tous les cinéphiles ayant côtoyé la qualité du cinéma de Guy Édoin (Marécages, Ville-Marie) seront ravis d’apprendre que son nouveau film Frontières se trouve au carrefour du drame, du suspense et du fantastique.
Suite au décès de son père, Diane (Pascale Bussières) se replie sur les travaux de la ferme familiale avec sa fille. Ses sœurs la sentent de plus en plus perturbée, et demandent à leur mère de quitter sa demeure en Floride pour venir l’aider. C’est que Diane est témoin de phénomènes étranges dans sa maison et elle s’y sent de moins en moins en sécurité. L'évasion de deux prisonniers américains qui franchiront peut-être la frontière canadienne n’aide en rien la paranoïa de la fermière.
Scénarisé et réalisé par Guy Édoin, Frontières est une nouvelle dissection de la filiation familiale abordant sur son passage le deuil, la perte de repères psychologiques et la perception houleuse de l’homosexualité par certaines populations du terroir. Les touches surnaturelles se greffent au récit dramatique avec la candeur d’un passe-partout, et si certaines révélations semblent moins originales, le scénario est à la fois intelligent et rempli de touches suggestives.
La réalisation fait dans la sobriété et s’avère, une fois de plus, très pointue dans sa direction experte des interprètes. Le cinéaste sait également créer une ambiance plus glauque au service du suspense de la trame.
La distribution, presque exclusivement féminine, est haute en couleur et sans faute. Pourtant, le talent extraordinaire de Pascale Bussières se démarque grandement. L’actrice, qui en est à son troisième film avec Édoin, est tout simplement époustouflante dans un rôle exigeant, où elle est à la fois forte et bouleversante.
Au final, si vous êtes à la recherche de gore et d’action facile, Frontières risque de vous décevoir, mais si vous avez envie d’un film puissant avec des personnages bien écrits, qui saura vous tenir en haleine, foncez.
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