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[Critique] Gaia: quand est-il acceptable de crier au plagiat?

Note des lecteurs4 Notes
2.5
Note Horreur Québec

Jaco Bouwer, un jeune réalisateur sud-africain ayant fait pas mal de télé, réalise enfin un long-métrage horrifique, Gaia, doté d’une bande-annonce aussi efficace qu’ultra-stressante. Or, elle contient une terrifiante créature qui semble, de prime abord, inspirée de celles qu’on retrouve dans les deux excellents et fort populaires jeux vidéo que sont The Last of Us (2013) et sa Part II (2020), du studio Naughty Dog.

On se dit: «Bah, qui ne s’inspire pas ici et là, en créant quelque chose de nouveau, hein?». Si vous ne connaissez ces jeux ni d’Ève ni d’Adam, vous pouvez sauter les deux paragraphes suivants.

Gaia

Après avoir lancé le film, rapidement, il est évident qu’on n’est pas simplement dans le clin d’œil. Oh que non. La créature est ni plus ni moins qu’identique à celle du jeu, non seulement par son look (en plus de sa tête couverte d’excroissances végétales, sa peau est recouverte de pustules, champignons et autres moisissures), mais aussi grâce à plusieurs de ses caractéristiques principales, qui sont, ici, parfaitement imitées. On parle de sa cécité et de son ouïe ultra-développée (qui ont par ailleurs vraisemblablement également inspiré A Quiet Place), des sons qu’elle produit (exactement comme les clickers de TLoU) et sa très particulière démarche (saccadée, en mode convulsions déambulatoires).

Car, non, autant de similitudes ne peuvent être le fruit du hasard. C’est LITTÉRALEMENT impossible que ça soit une coïncidence. Surtout qu’il est également question de spores, mais aussi du fait que [SPOILER] l’un des personnages est immun, pareil comme Ellie de TLoU! Non, mais franchement. Ainsi, si vous êtes fans des jeux, il est possible (inévitable) que vous trouviez plus que dérangeante cette malhonnête récupération (du copié/volé, littéralement). Si seulement ce film avait été vendu et marketé comme étant une authentique et officielle préquelle (ou un film parallèle faisant partie du même univers, façon Cloverfield), on n’aurait pas du tout ce problème. Ce qui est dommage, le long-métrage décelant son lot de qualités.

Gaia banner

Ainsi, si on fait fî des problématiques susmentionnées, sachez que Gaia soigne beaucoup ses ambiances. Une forêt dense, luxuriante et inquiétante. Une cabane à la Evil Dead pour l’isolation. Une musique (trop?) appuyée et oppressante. La diversité de la (menue) distribution. En plus du sous-texte environnementaliste en mode critique de l’anthropocène, suggérant que la nature décida d’éradiquer la race humaine. Et de belles images (quelques visions cauchemardesques ou hallucinatoires plutôt réussies), mais trop peu de scènes réellement mémorables. Et c’est sans mentionner son synopsis qui tient sur un côté de boîte de beignes. Une femme blessée, qui se croyait traquée par deux mystérieux indigènes, est recueillie et soignée par ces derniers. Ensemble, ils tenteront de survivre aux rares attaques d’un monstre répugnant, qu’on ne verra finalement que trop rarement.

C’est qu’il est plus huis clos que récit horrifique de survie, ce film au rythme inconsistant et au scénario plutôt mal écrit. En dépit de performances plutôt correctes, on peine à s’attacher à ces personnages au développement déficient et aux bien peu crédibles agissements (tomber en amour si vite, really?). Bref, Gaia est un film à combustion lente à la The Witch (quoique beaucoup moins maîtrisé ni aussi glauque/nihiliste), dans un décor qui, par moment, pourrait rappeler la forêt de celle de Blair ou d’Annihilation. Même si en fin de compte, il y a toujours cet arrière-goût amer à saveur de plagiat qui, hélas, ne nous quitte pas.

Gaia est présenté en exclusivité sur Cinéma du Parc et arrive en vidéo sur demande le 25 juin prochain.

Gaia - Official Teaser

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