Il aura fallu aux fans 32 ans pour enfin avoir ce Ghostbusters: Afterlife (SOS Fantômes: L’au-delà), qu’on nous a pourtant promis tant de fois. Rappelons-nous aussi que la mise en branle du second film de 1989 ne s’était pas si facilement réalisée non plus. À l’époque, Dan Aykroyd, Harold Ramis et Ivan Reitman ne voyaient aucunement l’utilité de pondre un nouveau long-métrage. Par ailleurs, l’acteur Bill Murray, figure de proue de l’original, s’est longtemps montré réticent puisqu’il ne trouvait aucun intérêt à jouer dans des suites. Malgré tout, avec plus de 290 millions de box-offices et une série télé animée cartonnant avec les plus jeunes, le studio Columbia Pictures avait certainement su être très convaincant.
Ensuite, ce fut une parade de rumeurs, de tentatives supposément avortées et le reboot de 2016 où un bon cinéaste et des actrices de talent se sont heurtées à cette déception de voir nos héros d’antan revenir. Il faut admettre que la mouture féminine n’offrait aucunement aux maniaques le film qu’ils souhaitaient depuis presque trois décennies. Personne ne voulait une relecture, mais une continuité.
En 2019, un clip publicitaire nous montrant Ecto-1 fait son apparition, et on nous dévoile que Jason Reitman, fils d’Ivan, sera à la réalisation d’un nouveau chapitre en plus de participer à l’écriture. Que nous raconte ce troisième chapitre?
Une jeune fille et son frère déménagent avec leur mère fauchée dans une grande maison délabrée, héritée du grand-père récemment décédé. Ils vont alors découvrir le lien les unissant aux chasseurs de fantômes, un groupe de physiciens maintenant dissous qui a jadis sauvé le monde.
Ghostbusters: Afterlife ne marque pas une si grande avancée cinématographique si on le compare au remake de Feig, mais il offre davantage au public ce qu’il réclamait. Le scénario a quelques incohérences, et on navigue tellement sur la vague de la nostalgie qu’on se demande si les novices ne trouveront pas le temps long. Avouons aussi que les meilleurs passages de ce nouveau film sont souvent des reprises des moments clés de cet univers, et que la trame tiendrait sur un coupon de teinturier. Ce n’est pas la suite dont les fans ont rêvé au cours des dernières décennies, puisque nos héros sont dorénavant septuagénaires et qu’ils n’auraient certainement pas cadré avec le guide du blockbuster parfait mettant en scène des adolescents pour créer un sentiment d’appartenance auprès de ceux qui remplissent les salles. Mais est-ce mauvais pour autant?
Afterlife réussit quand même à ressusciter la franchise. Premièrement, il met en scène une famille attachante, en y insérant doublement le thème du père absent. La mère partage ce manque avec ses enfants, puisque comme eux, elle n’a pas réellement connu l’épaule d’un paternel. En tressant cette idée avec l’arrivée en scène d’un professeur excentrique, le scénario réussit à livrer plusieurs touches d’humour désopilantes, en gardant à l’esprit qu’il fallait rendre hommage à la franchise et au classique du papa Reitman.
Disons-le, malgré ces imperfections, si vous êtes dans la quarantaine et que vous avez grandi en vous bricolant une caisse de protons avec des arrosoirs de jardin ou des boîtes de céréales, ce film vous donnera des ailes. Il faut aussi mentionner que c’est l’une des premières fois où l’hommage au cinéma des années 1980 est aussi bien mis en œuvre. Jason Reitman nous propose presque une revisite du catalogue des studios Amblin Entertainment et il le fait avec panache puisqu’il ne s’en cache aucunement.
À la réalisation, le cinéaste réussit le pari de bien doser l’horreur, l’humour et les effets visuels. Notre surprise est aussi de constater qu’il excelle lorsque vient le temps des scènes d’action. À ce titre, la poursuite du nouveau Slimer par le trio d’enfants à bord de la Cadillac de 1959 est assez décoiffante. Son film est en quelque sorte un remerciement de deux heures qu’il adresse à son père et aux artistes ayant permis la création de ce classique.
La distribution est réjouissante d’un bout à l’autre. Paul Rudd (Halloween: The Curse of Michael Myers) est hilarant face à la jeune Mckenna Grace (Annabelle Comes Home), qui est très habitée. Comme il fallait s’y attendre, Bill Murray est le membre de l’ancienne distribution qui brille le plus.
Au final, le long-métrage sait certainement faire le pont entre deux époques, et remettra assurément en selle les fantômes pour quelques films.
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