Knives Out, sorti en 2019, a laissé un excellent souvenir dans la mémoire des cinéphiles. Le whodunit de Rian Johnson (Looper, Brick, et plus récemment le polarisé The Last Jedi), parvenait à rendre un hommage au style des classiques intrigues policières du XXe siècle, tout en l’ancrant dans un contexte moderne. Il peut être difficile de situer une enquête en huis clos traditionnelle dans un univers où l’accès à la technologie rend l’art de la déduction plus désuet. Mais le personnage de Benoit Blanc et la mise en scène de Johnson avaient atteint la cible, et la suite, Glass Onion: A Knives Out Mystery (Glass Onion: Une histoire à couteaux tirés), ne fait pas exception à la règle.
L'intrigue prend racine dans un contexte on ne peut plus actuel, alors que l'homme qu'on déclare unanimement le meilleur détective au monde, Benoit Blanc (Daniel Craig, pour les intimes), est enfermé dans sa salle de bain, en plein confinement, en train de jouer à Among Us. Bienvenue en 2020, l'ère où même les détectives privés ne sont pas considérés comme un besoin essentiel. Mais l'appel à l'aventure ne se fera pas attendre, et Blanc partira bientôt en direction d'une île privée, où Miles Bron (Edward Norton), un riche entrepreneur, vient tout juste d'inviter une poignée d'amis proches, en vue d'organiser son propre murder mystery. Un contexte de rêve pour un détective en manque d'action.
Dès le départ du film, on nous introduit au style désiré par Johnson: personnages aux archétypes ultra-définis, intrigue claire et amour sans bornes du genre. Toute l’équipe semble s’amuser à disséminer une tonne d’indices et d’informations dont les moindres détails pourront s’avérer cruciaux plus tard dans le récit. Mais au-delà du lien qui unit ces personnages, et leur réelle présence sur l’île de Miles, c’est la qualité et la structure du scénario qui sont le véritable intérêt du film.
L’une des différences majeures avec Knives Out est que, contrairement au premier volet, où le crime était commis dans les premières secondes du film, Glass Onion n’atteint ce moment clé qu’en son centre. La dynamique du récit est donc automatiquement très différente, ce qui donne un nouveau souffle à une œuvre qui aurait pu souffrir de sa répétition avec le volet précédent. De plus, alors que Knives Out était articulé autour des interprétations des personnages sur le crime, Glass Onion accordera davantage d’attention aux différents points de vue des suspects avant que le meurtre ne soit commis. Le résultat est une intrigue moins structurée sur des entrevues et de la narration, favorisant une action directe, ce qui permet de rendre les personnages d’autant plus attachants.
Mais au-delà de la forme et du respect du genre, est-ce que Glass Onion réussit à surprendre? Si le richissime Miles Bron est d’abord présenté comme étant un génie des énigmes, allant même jusqu’à envoyer une énorme boîte presque impossible à ouvrir pour convier ses invités sur son île, on est en droit de s’attendre à un scénario mystérieux et haut en rebondissements. Encore une fois, Rian Johnson ne déçoit pas, et l’intrigue du film parvient à déjouer les attentes. Et bien que la finale explosive du film détonne un peu du style plus classique et plus terre à terre qui était établi depuis Knives Out, l’ensemble de l’intrigue demeure à la hauteur de nos attentes.
Glass Onion sort peut-être un peu moins du lot que son prédécesseur. Mais à défaut d’insuffler une nouvelle vie au genre du whodunit, le second volet est assez satisfaisant, différent et inspiré pour qu’on se réjouisse de l’avenir de la franchise. Et comme Netflix a déjà confirmé la production du troisième film de la série, on n’a pas fini d’entendre parler de Benoit Blanc.
Glass Onion: A Knives Out Mystery est présenté en salle jusqu’au 29 novembre et sera disponible chez Netflix dès le 23 décembre.
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