Pour une raison inexpliquée, Godzilla, auparavant sauveur de la race humaine, devient une menace pour cette dernière. On décide donc d’utiliser Kong pour avoir accès à une nouvelle forme d’énergie pouvant venir à bout du monstre reptilien.
C’est au cinéaste Adam Wingard (The Guest, Blair Witch) que revenait le défi de réunir les deux titans, qu’on avait jadis vu s’affronter au cinéma dans le King Kong vs Godzilla datant de 1963. La dimension symbolique des deux géants en faisait déjà à l’époque un combat connoté. Depuis trente ans, King Kong s’était attiré une réputation. Le Kong original symbolisait cette crainte d’une révolte des prolétaires en temps de crise économique, qu’on allait superposer à un reptile géant qui métaphorisait la peur engendrée suite à la bombe atomique.
Godzilla vs Kong marche habilement sur des œufs sans en casser les coquilles lorsque vient le temps d’y insérer la moindre connotation politique. On se permet de réajuster l’angle écologique autour de Godzilla, éternel protecteur de la nature, alors que Kong, via son attachement pour une fillette, nous lance un message peu subtil sur la communication.
Ouvrant le film sur un Kong que l’on observe et qu’on épie comme le héros d’une télé-réalité, le long-métrage nous indique déjà qu’il endosse cette monstration que le public souhaite voir. Nous sommes voyeurs, et on va donc nous offrir le spectacle désiré.
Le scénario de Godzilla vs Kong mise uniquement que sur le combat des titans, et décide de le faire via une série d’hommages envers des œuvres qui sont devenues les jalons du film de genre. Empruntant certaines figures à l’épouvante, on va aussi explorer le récit de science-fiction et de catastrophe naturelle pour se permettre quelques délires vers le film de monstres, et même calquer certains tics du western. Il n’y a même aucune tentative pour développer les humains de l’histoire, qui sont peu importants. Dans le Godzilla de 2014, on avait peur pour certains personnages, tout comme dans Kong: Skull Island. Par la suite, Godzilla: King of the Monsters misait déjà un peu plus sur les Kaijūs en nous proposant presque une sorte de bande-annonce de ce que pourraient avoir l’air les prochaines confrontations du Monsterverse. Cette fois-ci, le duel entre les deux créatures iconiques est le dessein ultime, et c’est souvent dans ses manières de le souligner que le scénario est le plus intéressant.
La réalisation de Wingard a de quoi nous en mettre pleins la vue. Non seulement il assume la grandeur, l’excentricité et la folie du combat qu’il met en scène, mais il a le génie de donner du style à son champ de bataille. Magnifiant certains mouvements des titans avec des angles ou des mouvements de caméra plus insolites, chaque coup est mené avec une fluidité exemplaire. Nous sommes très loin des assauts interminables et assommants mené par les robots de Michael Bay. Qu’il s’agisse d’une lutte sous l’océan ou à travers les immeubles de Hong Kong, le spectateur agrippe son siège et se divertit. Pendant près de deux heures, les batailles n’arrêtent pratiquement pas, et le cinéaste continue de déployer le spectacle de ces passages épiques pour nous faire vibrer jusqu’à la tombée finale.
Pour le peu qu’ils ont à jouer, les acteurs sont adéquats. Le talent de certains mériterait de meilleures répliques, mais le spectacle compense largement.
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