Un grizzly géant devient vorace après l’assassinat de ses deux bébés. Les choses se corsent lorsque la bête menace de s’en prendre aux spectateurs d’un concert ayant lieu dans un parc national.
Grizzly II: Revenge nous est présenté près de quarante ans après sa réalisation. Selon Wikipédia: «Les scènes principales de Grizzly II étaient terminées, mais avant que des effets spéciaux mettant en vedette un énorme ours mécanique puissent être utilisés, le producteur exécutif, Joseph Proctor, a disparu avec tous les fonds, certaines sources affirmant qu’il était emprisonné pendant le tournage». Voilà que la productrice Suzanne C. Nagy et sa compagnie GBGB International ont décidé de le terminer.
Le premier Grizzly, datant de 1976, n’était déjà pas un film très mémorable, même si les fans de sharksploitation (dont il est un dérivé) lui ont octroyé un statut culte. Cela dit, cette suite pourrait venir damer le pion à Troll 2 ou The Room au panthéon des pires films de l’histoire. En fait, même si on avait terminé entièrement le film en 1983, la trame, les prises de vue ringardes et le jeu boursouflé d’acteurs de talent n’aurait probablement pas levé très haut. Le scénario génère les clichés nécessaires à ce type de production, depuis le succès de Jaws. C’est une énième exploitation sans éloquence de ce que Spielberg a développé magistralement. On y retrouve l’opportuniste qui refuse d’alarmer les gens pour des raisons économiques, le professionnel trappeur de grizzly, les montagnards qui ressemblent à des consanguins et l’écologiste qui souhaite venir en aide à la bête au lieu de la traquer.
Le réalisateur André Szöts a été producteur sur Cyrano de Bergerac, en plus d’agir comme producteur exécutif sur le vidéoclip Désenchantée de Mylène Farmer. Grizzly II: Revenge est le seul long-métrage destiné aux salles du cinéaste, qui avait aussi tourné un téléfilm hongrois. Difficile d’évaluer son talent de metteur en scène, mais son travail sur ce navet le rapproche d’avantage d’Ed Wood que de Steven Spielberg.
La version dorénavant disponible nous présente un montage forcément approximatif. On a de la difficulté à saisir les véritables enjeux, si enjeux il y a. Entre le recyclage de plans facilement visible, et les quelques zoom sur un animatronique risible, l’ensemble des attaques se fait en plan subjectif. Bref, un acteur qui joue faux écarquille les yeux face à une caméra qui feint de sauter sur lui.
On nous a aussi ponctué cet amalgame de scènes de plusieurs insupportables intermèdes musicaux du groupe qui se produit dans le spectacle du film. C’était une tendance assez flagrante à une certaine époque, mais ici c’est très abusif. On a l’impression que l’équipe a filmé un concert durant de nombreuses minutes, et qu’on a décidé d’étirer un film inachevé en nous imposant ces affligeantes images.
Par ailleurs, l’attaque finale a de quoi faire rigoler l’individu le plus morose sur terre. Préparez vos mouchoirs, car des larmes il y en aura. Ce ne sera pas de tristesse, cela dit. L’affrontement entre John Rhys-Davies et ce manteau de fourrure est une atrocité filmique qui n’est pas sans rappeler le duel épique entre Bela Lugosi et la pieuvre dans le classique Bride of the Monster.
La brochette de vedettes qui cabotinent devient l’intérêt ultime. George Clooney, Laura Dern et Charlie Sheen, nous sont annoncés sur l’affiche «repensée» du film, mais si vous regarder votre bol de popcorn ou que vous prenez le temps de plonger un nachos dans la trempette durant les cinq premières minutes, vous risquez de perdre leurs oubliables apparitions. On peut également y voir Louise Fletcher (One Flew Over the Cuckoo’s Nest), John Rhys-Davies (The Lord of The Rings), Deborah Foreman (April Fool’s Day, Waxwork) et Charles Cyphers (Halloween, The Fog). Inutile de vous dire que la totalité des comédiens manquent de conviction et on peut les comprendre.
Si vous voulez vous offrir un nanar pour rigoler en ingurgitant quelques bières, vous avez le film idéal, mais sinon fuyez.
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