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[Critique] « Handling the Undead » : les morts ressuscitent dans cette « autre » étude sur le deuil

Avec Let the Right One In, le nom du romancier suédois John Ajvide Lindqvist est rapidement devenu synonyme de qualité pour les fans de genre (littéraire et cinématographique) que nous sommes. L’excellent Border a depuis suivi au cinéma, inspiré d’une de ses nouvelles (Gräns, plus précisément), et avec Handling the Undead (Håndtering av udøde), nous obtenons maintenant la troisième adaptation de ses écrits — que l’homme co-scénarise également.

Une étrange perturbation survient dans l'air un jour à Oslo, puis les morts reviennent à la vie. Trois familles recevront ainsi la visite de leurs défunts, un événement qui bousculera inévitablement leur existence.
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Si la prémisse d’Handling the Undead vous semble étrangement familière, c’est peut-être parce que vous avez vu Les Revenants de Robin Campillo en 2004, ou l’une de ses adaptations sous forme de série (Les Revenants en France et The Returned aux États-Unis) quelques années plus tard. L’idée détournait habilement — et de manière inusitée — les codes du film de zombies pour traiter du poids du deuil chez les vivants.

Handling the Undead fonctionne exactement de la même façon, à la différence qu’il adopte un angle plus intime de la prémisse. Oubliez en effet les apocalypses de zombies gore typiques que vous connaissez. Même si certains de ces morts-vivants s’avèrent résolument macabres (on pense entre autres à ce jeune garçon ressemblant à une poupée de chiffon déterrée dans les bras de sa mère), l’idée ici n’est pas de faire peur ou de dégoûter, mais bien d’explorer l’impact émotif de ces retrouvailles sinistres dans trois cas de figure différents. On nage davantage du côté du drame que de l’horreur.

La réalisation soignée et mélancolique de Thea Hvistendahl (Children of Satan) est aux antipodes du cinéma populaire avec ses images désaturées et son montage morcelé qui servent bien le sujet. Cette structure narrative qui valse entre les trois points de vue procure en effet un souffle intéressant au récit. De son côté, la trame sonore bien dosée offre des moments touchants, notamment avec l’histoire de ces deux sœurs plus âgées.

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L’interprétation va dans le même sens. L’ensemble de la distribution parvient à faire passer les émotions sans grands dialogues. Handling the Undead est très peu bavard et s’attarde davantage à créer une atmosphère. On retient toutefois surtout la performance de Renate Reinsve (The Worst Person in the World) dans le rôle de cette mère déchirée par le retour de son fils décédé, particulièrement lors du dernier tiers qui prend un tournant un peu plus inquiétant.

Néanmoins, on a l’impression qu’Handling the Undead arrive quelques années trop tard dans le paysage de « l’horreur dramatique » pour être véritablement original. Depuis, bon nombre de titres se sont servis du genre — on pense à des films comme Maggie, La nuit a dévoré le monde ou encore Zombi Child — pour traiter davantage des vivants que pour créer des spectacles sanglants. Mais si cette nouvelle adaptation d’Ajvide Lindqvist n’est pas aussi percutante que les précédentes, ses qualités en font d’elle une œuvre appréciable.

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