La parution de I Came By ce mois-ci chez Netflix est là pour nous rappeler que même au Canada, certains titres nous filent toujours entre les doigts. Il s’agit en effet du troisième long-métrage du cinéaste Irano-Britannique Babak Anvari, qui nous avait offert l’exceptionnel Under the Shadow en guise de premier film en 2016. Son deuxième long, Wounds, n’a encore jamais été distribué chez nous et avait pourtant obtenu des critiques favorables lors de sa sortie, notamment chez nos voisins du sud en 2019. Concernant I Came By, c’est une tout autre histoire…
Deux jeunes graffiteurs visent les demeures cossues pour y ériger leur tag et ainsi critiquer l'élite londonienne. L'un d'eux découvre toutefois un secret plutôt troublant une nuit alors qu'il s'attaque à la maison d'un juge réputé. Sa découverte lui attirera rapidement de graves ennuis.
Thriller aux notes horrifiques plutôt ténues, I Came By souffre d’un manque flagrant de style et d’une confusion déroutante au scénario. La distribution y est pour quelque chose. Percelle Ascott et George MacKay (1917) y incarnent ces deux jeunes rebelles au commencement de leur vie, le personnage de Toby vivant toujours aux crochets de sa mère — une psychologue qui gifle pourtant ses enfants lors d’excès de colère. L’illusion ne fonctionne déjà pas alors que les deux acteurs, respectivement 29 et 30 ans, paraissent trop vieux pour leurs rôles, mais ce n’est pourtant pas le plus gros problème ici.
Sans trop en dévoiler, I Came By s’appuie sur une série de revirements, qui changent constamment le point de vue du spectateur. Ces pirouettes sont très mal exécutées alors que d’un côté, aucun des protagonistes ne suscite de réelle sympathie et de l’autre, la chronologie des événements, pourtant on ne peut plus linéaire, demeure vague: des semaines s’écoulent entre les disparitions de personnages clés, orchestrées sans tambour ni trompette, alors que notre seul repère devient en quelque sorte le ventre d’un troisième rôle enceinte.
Hugh Bonneville (Downton Abbey) ne marque pas non plus les esprits en tant que juge machiavélique. Son vilain unidimensionnel ne parvient jamais vraiment à susciter la crainte. La réalisation routinière, voire monotone, procurée à l’ensemble y est certainement pour quelque chose. Mais la plus grande faute du film demeure probablement de nous laisser après 1h50 avec un vilain aux motivations farfelues et une résolution superficielle, qui n’a pas grand-chose à dire sur le sujet qu’il comptait pourtant aborder. Outre le fait de prouver aux gens fortunés qu’ils peuvent pénétrer dans leur demeure, pour quoi ces justiciers se battaient-ils exactement? Dieu seul le sait.
I Came By s’ajoute simplement à la liste de titres banals que Netflix allonge dangereusement trop dans sa quête d’épaissir son catalogue à tout prix.
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