Bien que tout Hollywood ait tenté d’émuler le cinéma de James Wan après les succès d’Insidious et de The Conjuring, c’est un cinéaste indonésien qui y est le mieux parvenu. Avec Satan’s Slaves, Joko Anwar croisait brillamment son folklore local aux extravagances visuelles de Wan. Il proposait une réalisation à la fois amusante, créative et parfaitement millimétrée.
Anwar a opéré dans plusieurs genres au fil du temps (son film de super-héros Gundala est d’ailleurs disponible en vidéo sur demande depuis le 28 juillet), mais Satan’s Slaves lui a procuré de la notoriété en devenant le plus grand succès de tous les temps au box-office indonésien. Cela a sans doute amené son créateur à récidiver plus tôt que tard dans l’épouvante avec Impetigore. Au Canada, les deux films sont disponibles sur la plateforme Shudder.
Impetigore raconte l’histoire de Maya, attaquée sur son lieu de travail par un homme qui évoque leur passé commun avant d’être abattu par la police. N’ayant jamais connu ses parents, elle s’embarque avec son amie Dini sur la trace du petit village dans lequel elle aurait été élevée. Arrivée sur place, elle découvrira que sa famille est liée à une malédiction qui hante toujours les paysans locaux…
On retenait surtout de Satan’s Slaves sa capacité à faire de l’épouvante hollywoodienne de haut calibre. Le scénario était un prétexte pour enchaîner une très généreuse quantité de scènes d’effroi. Impetigore, lui, cherche à prendre à contrepied les attentes des spectateurs. Le film est beaucoup plus posé et le sera même trop pour certain.es. L’intrigue rassemblant malédiction ancestrale, faux semblants et paysans hostiles ne sort pas tout-à-fait des sentiers battus et le cinéaste prend son temps pour poser les bases de son histoire. Malgré les longueurs et quelques flashbacks mal intégrés, le talent de raconteur de Joko Anwar suffit à nous garder intéressés.
Là où le film se démarque, c’est dans la qualité de sa mise en scène et son cadre atypique. Encore une fois, Anwar nous entraîne dans une Indonésie rurale où les traditions javanaises font face à la modernité. Une malédiction assez glauque demande un contre-sort qui l’est tout autant afin d’en annuler les effets. L’art ancestral du wayang, notamment, à une place importante dans l’intrigue.
Le travail du cinéaste sur la lumière est exceptionnel et donne à son oeuvre une saisissante ambiance d’outre-monde. Il fait un usage créatif des ombres, multiplie les éclairages aux chandelles et les tons de rouge. Impetigore possède aussi de riches ambiances sonores. Les quelques séquences d’horreur qui parsèment le récit sont habilement cadrées et montées, notamment une scène d’introduction qui accrochera aussitôt son spectateur. Récurrente dans la filmographie d’Anwar, la comédienne Tara Basro donne une très bonne performance.
Bien que le film ne réinvente pas la roue, il sera accueilli avec plaisir par celleux qui ont su apprécié les talents d’orfèvrerie visuelle de Joko Anwar. Si ce dernier poursuit dans le cinéma d’horreur, ce sera à notre grand plaisir!
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