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[Critique] « Insane Like Me? » : vampirisme à très petit budget

Soyons honnêtes : faire un film, c’est difficile. Il faut élaborer une mise en scène, respecter les échéanciers, gérer l’ego des acteurs·trices, apporter des révisions au scénario, travailler plus de douze heures par jour et encore plus! C’est quelque chose qu’on fait par pure passion. Rien ne démontre cela autant qu’autoproduire son premier long métrage indépendant avec un budget dérisoire. C’est le pari qu’a fait Chip Joslin avec le film Insane Like Me?. Mais est-ce un pari réussi?

Après une attaque de vampires lors d'une fête dans un hôtel abandonné, Samantha, la fille du shérif de la ville, reste introuvable. Jake Morgan, seul survivant de l'attaque et petit ami de la disparue, est immédiatement tenu responsable du carnage. Plusieurs années plus tard, après sa libération, Jake est déterminé à retrouver Samantha et à exercer sa vengeance sur les monstres responsables d'avoir ruiné sa vie...
InsaneLikeMe Poster

Avoir un petit budget n’est pas un problème en soi. Ce n’est pas facile, mais plusieurs cinéastes dépourvus d’argent ont réussi à mettre en scène des œuvres très solides grâce à leur talent et en prenant les restrictions imposées par leurs limites financières comme des occasions de création. Des films comme Terrifier, The Texas Chain Saw Massacre ou encore The Blair Witch Project arrivent au bout de leurs ambitions grâce à des cinéastes talentueux et inspirés. On ne peut donc pas excuser des films comme Insane Like Me? en raison de leur absence de moyens financiers.

Déjà, il faut saluer l’ambition du projet. Joslin a choisi de faire un long métrage d’action horrifique comme premier film, mais le réalisateur n’a pas nécessairement le talent pour bien exécuter ses idées. En effet, son manque d’expérience derrière la caméra est assez évident. Les maladresses s’enchaînent jusqu’à la fin pour transformer ce qui aurait pu être un petit film de série B sympathique en quelque chose d’assez gênant à regarder.

D’abord, il y a un important problème de direction artistique. Les décors pourraient être qualifiés d’inexistants tellement on passe de temps dans des pièces vides aux murs blancs qui donnent l’impression d’être éclairé⸱e⸱s aux néons d’une salle d’attente d’hôpital. Pire encore, l’hôtel supposément abandonné du premier acte semble avoir ouvert ses portes tout juste hier tellement il est en bon état; aucun débris au sol ou de murs défoncés, même pas une ampoule qui clignote dû à un mauvais contact. Bref, l’immersion n’y est pas.

Il en va de même pour la mise en scène. Joslin ne semble jamais savoir où placer sa caméra, ni quoi filmer avec, ce qui tue toute potentielle tension horrifique. Cela crée un film terriblement ennuyeux qui ne donne rien au public à se mettre sous leurs fausses dents de vampire.

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L’écriture est toute aussi terrible que le reste, avec une histoire remplie de clichés. Nous avons des personnages qui passent leur temps à vouloir baiser tout ce qui bouge et à fumer du pot en attendant d’êtres tués. Bien entendu, il y a Jake, notre protagoniste dur à cuire, dont chaque ligne de dialogue semble avoir été écrite par un adolescent nourri au cinéma d’action des années 80, et des personnages féminins qui n’existent que pour crier et se dénuder.

Joslin, étant lui-même acteur (on a pu le voir dans des rôles secondaires au cinéma et à la télé), sait à peu près comment diriger les siens qui, eux, offrent des performances jamais époustouflantes, mais bien meilleures que ce qu’on verrait normalement dans ce genre de production. On peut entre autres saluer le jeu d’Eric Roberts, seul visage notable de la distribution, qui offre la meilleure performance du film dans le rôle d’un shérif vengeur.

On pourrait défendre le film en amenant l’hypothèse que tous ses défauts sont volontaires pour rendre hommage à un certain cinéma de genre de série B, mais rien dans la mise en scène ou l’écriture ne l’indique clairement. Étant donné l’incompétence mise de l’avant ici, chaque rire qu’on peut avoir en tant que public ne semble pas prévu par le réalisateur, résultant ainsi en un film assez nanardesque.

Malgré tout ça, il y a un certain charme à Insane Like Me?. On pourrait facilement qualifier le film d’ingénu étant donné l’honnêteté de la démarche derrière le projet. Il est au final assez difficile de le détester pour cette raison et on ne souhaite qu’à Joslin de continuer dans son art et de s’améliorer au passage.

Insane Like Me? est disponible sur:
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