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[Critique] « Kill » : comment faire la leçon aux Américains

Le cinéma indien est l’un des plus riches et des plus intéressants du monde. Bien que son image en Occident soit celle de comédies musicales immenses de plus de trois heures, il est bien plus que cela et son dernier représentant, Kill, réalisé par Nikhil Nagesh Bhat, en est la preuve. Alors que se passe-t-il lorsqu’un cinéaste indien décide de retourner les codes du cinéma d’action?

Amrit Rathod est un membre des forces spéciales militaires indiennes. Lors d'un voyage en train avec sa fiancée, un groupe de brigands monte à bord du véhicule pour dévaliser les passagers. Ce qui devait être un braquage routinier pour les voleurs se transforme alors rapidement en lutte acharnée pour leur survie, alors qu'Amrit les élimine un après l'autre...
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Comme beaucoup de films d’action modernes, dès le début de Kill, on sent une grande influence des géants américains, principalement John Wick et Die Hard. Si l’action est bien maîtrisée au début, on a tout de même le sentiment de nager en eaux familières et un peu trop calmes et c’est totalement volontaire. Le désir du réalisateur, ici, est de tordre les codes du cinéma d’action en les mêlant au genre horrifique pour faire un film absolument chaotique, incontrôlable et imprévisible. L’effet fonctionne merveilleusement bien. Dès que l’intrigue se lance réellement après un événement fatidique, le film laisse tomber le voile qui cachait ses véritables intentions. L’action devient violente, brutale, gore et horrifiante et nous allons dès lors alterner entre le point de vue d’Amrit et celui du groupe de voleurs. Là se trouve le génie de Kill.

Si le côté d’Amrit demeure dans les codes établis du cinéma d’action, celui des voleurs retourne le film sur lui-même en utilisant le genre horrifique pour démontrer la panique qui s’est immiscée dans leur clan. Face à un ennemi surentraîné et colérique, ces derniers savent qu’ils ne peuvent pas s’en sortir et leur côté de l’histoire devient un véritable film d’horreur. Plus les combats s’enchaînent, plus Amrit devient violent et le désespoir se fait très vite ressentir chez nos antagonistes. D’ailleurs, leur nature de méchants de l’histoire bascule assez rapidement pour révéler de véritables humains voyant amis et famille mourir brutalement devant leurs yeux. Ici, Kill révèle son thème central : dans une situation comme celle-ci, les héros n’existent pas et les motivations des personnages sont remplacées par la souffrance et la douleur. Tout cela n’empêche par contre absolument pas les scènes d’action d’être très jouissives! Le film est d’ailleurs particulièrement cruel avec ses personnages, se permettant de les faire souffrir avec très peu de répit, mais sans être purement gratuit.

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C’est là que la mise en scène de Nikhil Nagesh Bhat prend toute son importance. Les combats sont impressionnants et chaque mouvement de caméra s’avère rapide et précis, avec un montage millimétré qui rendrait les cinéastes américains jaloux. Les scènes horrifiques, quant à elles, sont d’une tension folle, avec une caméra et un montage plus lents, qui s’attardent sur chaque coin du train, comme pour s’assurer que personne ne s’y cache, couteau à la main. Il est cependant plutôt dommage de voir des effets gore de qualité parfois douteuse, une grande partie de ceux-ci étant numérisés avec des résultats souvent discutables.

Niveau scénario, ce dernier est très simple avec son histoire de vengeance et de survie, mais il fonctionne à merveille. Les choix faits dans le récit permettent de bien développer les personnages sans jamais ralentir le rythme effréné, et on arrive à réellement ressentir de l’empathie des deux côtés du conflit. Le seul véritable problème est la finale maladroitement écrite, qui donne accidentellement raison à l’une des deux parties alors que tout le reste de l’histoire affirmait jusqu’ici que tout le monde avait tort.

Du côté technique, le film souffre aussi d’effets sonores trop exagérés, qui rendent certains moments plutôt cartoonesques, diminuant beaucoup l’impact qu’ils pourraient avoir. La musique, bien que très bonne en soit, ne fonctionne pas toujours avec l’image sur laquelle elle est apposée, et c’est particulièrement dommageable lors des scènes de tension.

Au final, Kill est un véritable cadeau pour les fans d’horreur et d’action, mélangeant les genres à la perfection. Il faut absolument le voir sur grand écran tant qu’il est encore à l’affiche.

Note des lecteurs0 Note
Pour les fans...
d'action chaotique et violente
d'ambiguïté morale
4
Note Horreur Québec

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