La Llorona est une légende mexicaine datant du 16e siècle mettant en vedette une femme qui pleure, ayant été maintes fois adaptée au cinéma (IMDb regorge de courts et longs métrages qui en sont inspirés). Le synopsis de cette Llorona-là nous amène plutôt dans un Guatemala ayant vu, quelques décennies plus tôt, un sanglant génocide maya auquel participa un général qui aujourd’hui en paie amèrement le prix.
D’abord, le corps du septuagénaire est en train de le lâcher (dû à des problèmes pulmonaires), alors que son esprit s’embue graduellement à cause de l’Alzheimer. Dehors, légions de manifestants protestent bruyamment et violemment devant sa luxueuse demeure, pendant et après son médiatisé procès. Il habite un vaste manoir où il est confiné avec ses domestiques, son épouse au regard plus que hagard et adepte de séances de spiritisme ainsi que, depuis peu, sa fille médecin accompagnée de sa jeune fille. Lorsque quasiment tous ses employés apeurés désertent les lieux, une mystérieuse nouvelle employée aux cheveux aussi sombres qu’infinis fait son arrivée. Et certains des personnages commencent à avoir de cauchemardesques visions… et s’ils avaient été maudits avec de la noire magie? Et s’ils étaient plutôt dévorés par leurs remords?
La maxime de La Llorona (2019, disponible depuis peu sur Shudder) est des plus classiques: si vous avez péché, le passé reviendra vous hanter. Aussi simple que ça. Et on l’a vu et entendu mille fois celle-là. Or, n’est pas Guillermo del Toro qui veut: si le film nage dans des eaux rappelant un peu El espinazo del diablo (v.f.: L’échine du diable, 2001), on est à mille lieues du chef d’œuvre latin. Et non, vous n’êtes pas chez James Wan non plus ici (à ne pas confondre avec The Curse of La Llorona, sixième film issu de l’univers de The Conjuring, également sorti en 2019); donc, ne vous attendez pas à des jump scares aux 10 minutes.
Dès la toute première scène du troisième long métrage fort bien réalisé de Jayro Bustamante, il est clair que ça finira mal: c’est limpide comme de l’eau de rivière. L’ambiance inquiétante sied très bien cette invisible épée de Damoclès menaçant de tomber à tout moment. Surtout en ces temps troubles empreints de confinement et de dénonciations. De plus, tous les comédiens sont efficaces et compétents, autant dans leur jeu subtil tout en regards que dans les plus relevés moments.
Là où le bât blesse, c’est principalement au niveau du rythme. En dépit de son intrigante bande-annonce, le long métrage est lent en sacrament. De type combustion lente. Plus lambineux qu’un robineux ayant égaré ses clés entre le bar et son chez eux. «Va-t-il finir par être capable de rentrer se coucher?» devient ici «Va-t-il finir par payer pour ses crimes odieux?». Après une bonne heure de visionnement (qui paraît le double), on s’en fout quasiment, tant on a attendu, d’abord, patiemment, ensuite, en regardant souvent le temps restant, pour enfin se dire ENFIN à la toute fin, en finissant par finir par assister à un métaphorique dénouement à peine satisfaisant. Tout ça pour ça? Même si le dernier acte nous permet d’attacher tous les fils et de répondre aux questions en suspens, reste que ça relève hélas du «trop peu trop tard».
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