Écrit et réalisé par les frères australiens Colin et Cameron Cairnes, Late Night with the Devil est enfin disponible au visionnement sur la plateforme Shudder. Après avoir fait fureur aux festivals SXSW et Fantasia l’an dernier, le film attire entre autres plusieurs curieux·euse·s qui s’empressent de vouloir y constater l’utilisation de l’intelligence artificielle, apparemment présente dans trois scènes seulement. Une petite controverse nait de l’usage de cette technologie, que plusieurs perçoivent comme une menace vis-à-vis les esprits créatifs qui régissent l’art cinématographique.
Malgré le débat engendré, l’œuvre mérite d’être acclamée pour l’étanchéité de sa formule rétro, son usage habile de faux found footages et ses performances solides. Late Night with the Devil se vaut d’être vu, que vous soyez craintifs face à l’IA ou pas!
Lors d'un épisode spécial d'Halloween, Jack Delroy (David Dastmalchian), l'animateur du talk-show Night Owls, rassemble une série d'invité·e·s du domaine du paranormal. Dans l'espoir de faire monter ses codes d'écoute, Jack permet une séance de conjuration en direct entre une docteure (Laura Gordon) et sa jeune patiente (Ingrid Torelli) prétendument possédée par le diable : une grave erreur…
Plonger tête première dans l’époque
La grande force du film des Cairnes demeure dans l’ambiance créée. Avec le bourdonnement et les soubresauts des séquences, l’image est travaillée à la manière d’une cassette VHS pour le plus grand bonheur des nostalgiques. L’univers visuel et le concept de l’émission télévisée nous plongent directement dans les années 70.
En ajoutant une série de références typiques à l’époque, soit la panique satanique, le Bohemian Grove (qu’on appellera ici The Grove) et l’occultisme, on élabore également un climat plutôt réaliste qui nous assure une immersion engageante dans le narratif.
Qui est Jack Delroy?
C’est surtout la contextualisation sous forme de documentaire en introduction qui nous éclaire sur le protagoniste Jack Delroy et son parcours. Le décès de sa femme, ses mauvaises fréquentations au sein du groupe « The Grove », sa gloire de début de carrière puis son essoufflement professionnel : l’animateur passe par une gamme d’évènements marquants.
Malgré son charisme évident, des indices nous laissent penser que Jack cache quelque chose de plus sombre sous sa parure astiquée. Pendant les pauses publicitaires, des coupures abruptes scindent les scènes de l’enregistrement de l’émission (en couleur) et les scènes de coulisses (en noir et blanc). Cette dichotomie esthétique et tonale présente deux côtés de l’homme et son équipe acharnée, mais surtout deux réalités qui nous font douter de ce qui est vrai ou faux.
Encore plus d’horreur, s’il vous plait!
Late Night with the Devil est expéditif, mais non moins efficace. L’aspect horreur se matérialise graduellement jusqu’à exploser vers les dix dernières minutes en apothéose sanguinolente. Afin de vraiment déstabiliser son public, le long métrage aurait toutefois pu gagner à prolonger et développer ces éléments de terreur, trop brefs. La séance de conjuration reste cependant un point fort en matière de performances et d’effets spéciaux : à voir pour les amateur·trice·s d’exorcisme!
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