Le Discours des songes a le mérite d’être audacieux à plusieurs niveaux et de s’affranchir complètement des codes attribués autant au film historique qu’au film d’épouvante. Nous avions déjà abordé sur nos pages ce premier film du cinéaste québécois Dominique Goneau, qui tentait, il y a quelques années, de trouver les fonds pour pouvoir le compléter. Cinq ans plus tard, le film est enfin terminé et on a eu droit récemment à une première.
En 1642, un chasseur de vampires erre dans les décors de la Nouvelle-France pour traquer le vampire responsable de la mort de sa femme.
Long métrage inclassable errant entre le film de chambre et le drame d’horreur, on saisit très rapidement la facture littéraire de l’ensemble et l’importance accordée aux mots dans Le Discours des songes. Le scénario de Dominique Goneau est rempli de dialogues truculents et pointus, mais aussi de longues tirades plus ampoulées qui manquent parfois de nous convaincre. C’est comme si les personnages n’en finissent pas de nous expliquer des actions trop rarement présentes à l’écran et que les véritables péripéties manquent de saveur. Cela dit, plusieurs élans philosophiques ne manquent pas d’intérêt, même s’ils manquent d’aboutissement.
Le cinéaste réussit très bien à camoufler son faible budget lorsque vient le temps de filmer des décors somptueux et de créer une ambiance. Certains plans forcent l’admiration, mais sa direction d’acteurs est moins reluisante lorsqu’il leur fait réciter des dialogues en ancien français. On sent que le long métrage aurait eu une tout autre saveur si le budget avait prévu plus de répétitions ou s’il avait permis l’embauche de comédiens chevronnés. C’est malheureux puisque cette petite faiblesse risque d’empêcher l’œuvre de devenir un chouchou chez les intellectuels, alors que son côté radical leur semblait destiné.
Au final, Le Discours des songes mérite d’être vu, ne serait-ce que pour sa singularité. Même si le résultat est plus intéressant que réellement bon, il est clair que le cinéaste est à suivre.
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