Leave the World Behind (Le Monde après nous) est le nouveau film postapocalyptique que Netflix nous réservait cette année pour nous assurer de vivre un temps des Fêtes enjoué et dans la quiétude. Quand novembre s’effrite, la plateforme a l’habitude de nous amener un long métrage anxiogène axé sur la fin du monde. Elle l’avait fait dans le passé avec Don’t Look Up, White Noise ainsi que Bird Box.
Amanda et Clay décident de délaisser la ville quelques jours en partant en vacances avec leurs deux adolescents vers une maison paradisiaque dans un secteur reculé. Voilà qu’au milieu de la nuit, les prétendues propriétaires de la maison reviennent sur les lieux, affirmant qu’une panne d’électricité majeure cause une certaine commotion dans les alentours. Les deux familles plongées dans un univers sans Internet, téléphone ou télévision seront très vite animées par d'incertitude et la peur.
Adapté du roman de Rumaan Alann par le cinéaste Sam Esmail (Mr. Robot, Homecoming), Leave the World Behind fait l’effet d’un long épisode de The Walking Dead, mais sans les zombies. Construit un peu trop comme le serait le pilote d’une nouvelle série, avec un événement perturbateur survenant à chaque dix minutes, le résultat n’en demeure pas moins anxiogène au possible.
Le parti pris de placer la presque totalité de l’histoire dans cette vaste et luxueuse demeure crée une réelle proximité entre les spectateur·trice·s et les personnages. C’est de cette manière que leur quête de survie force l’empathie en révélant leur humanité. Si l’intrigue repose d’abord sur la dualité des deux familles, elle finira par mettre en évidence leurs similitudes.
La symbolique transmise par la série Friends, religieusement suivie par la cadette, illustre prodigieusement bien l’idée que les arts sont une échappatoire à la laideur de la vie. La chanson thème I’ll Be There for You de The Rembrandts souligne d’ailleurs ce besoin de l’autre en temps de crise. Leave the World Behind s’offre aussi une solide critique de la société actuelle, dominée par l’omniprésence des technologies numériques, qui déshumanisent au lieu de faciliter le quotidien, et jette un regard mordant sur la paranoïa américaine liée au terrorisme.
Esmail offre une réalisation assez experte qui magnifie la tension en faisant tantôt osciller sa caméra ou encore en nous offrant de longs et savoureux plans panoramiques. Le moindre dispositif dont il dispose sert à transmettre ce chaos subi par les protagonistes. Sa direction d’acteurs n’en souffre aucunement.
La distribution parfaite en tout point laisse toutefois briller davantage Julia Roberts et Mahershala Ali, qui semblent tenir les reines de leurs familles respectives. Échangeant les meilleures répliques, les deux acteurs offrent des interprétations cinglantes et colorées. En s’opposant, les deux acteurs livrent de solides métaphores sur la guerre des genres, et les conflits raciaux.
Au final, Leave the World Behind est un excellent film qui transmet son lot d’anxiété et questionne intelligemment la nature humaine.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.