Les gamins de Village of the Damned se sont trouvés de nouveaux camarades. Après un parcours plutôt remarquable en festivals (Cannes, Sitges, Gérardmer, etc.), le drame horrifique Les Innocents (De uskyldige) du cinéaste norvégien Eskil Vogt arrive enfin en salle chez nous et marquera assurément ce vendredi 13 au fer rouge.
La jeune Ida, ses parents et sa grande soeur autiste emménagent dans un nouveau quartier et rebâtissent tranquillement leurs repères. Lors de ses premières virées au parc, la fillette rencontre deux enfants de son âge aux habiletés étonnantes. D'abord amusés par les phénomènes, les expérimentations des nouveaux amis prendront rapidement un tournant violent.
Si on évoque d’entrée de jeu le classique de l’horreur mettant en vedette des enfants diaboliques, c’est que plusieurs pans du scénario de Les Innocents rappellent instinctivement celui du film repris par Carpenter en 1995. Mais en misant sur une réflexion fouillée côté psychologie infantile et familiale plutôt qu’une série de mises à mort destinée au divertissement, le scénario de Vogt ne s’apparente aucunement à celui de ces slashers typiques qu’on connaît déjà sur le bout de nos doigts.
Les Innocents nous fait en quelque sorte entrer dans ce monde secret, dont seuls les enfants connaissent le langage. Voyeur, le spectateur (l’adulte) assiste à contre-coeur à ces expérimentations brutales dont les jeunes se servent pour tester leurs limites et celle de leur entourage — une scène de torture animale (fictive, évidemment) difficile à soutenir est à prévoir.
Parce que même si la production ne joue pas dans le même carré de sable que Damien et les autres, il s’agit quand même d’un des films les plus anxiogènes de l’année. Vogt sait faire monter notre tension en accumulant les situations dangereuses, voire insoutenables, et ne fait aucun compromis pour épargner son public. Au milieu des productions politiquement correctes d’Hollywood, certains dénouements sanglants laissent tout simplement pantois.
C’est en particulier à travers les yeux d’Ida qu’on suit la dynamique du petit groupe, et celle de sa cellule familiale atypique. L’évolution du personnage s’avère au final étonnamment poignante alors qu’on assiste tout au long du récit à sa prise de conscience sur le monde qui l’entoure. Rakel Lenora Fløttum dans le rôle est marquante: son sourire décalé mis en contraste avec son regard angélique offrent une dualité déstabilisante à l’écran. On peut en dire autant du reste de la jeune distribution, menée par une direction irréprochable.
Bien rythmé, réalisé avec goût et dangereusement audacieux, Les Innocents coche littéralement toutes les cases pour nous river à l’écran pendant près de deux heures — qu’on n’oubliera pas de si tôt.
Les Innocents arrive en salle le 13 mai et en vidéo sur demande le 20 mai.
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