En se voyant confier la garde de sa demi-sœur, Yoo-mi trouve refuge dans un hôtel appartenant à une amie de leur défunte mère. La saison estivale tirant à sa fin, il ne reste que le personnel d’entretien dans ce vaste bâtiment presque vide. Mais une présence rode en ces lieux. Et, lentement, Yoo-mi découvre que son passé familial recèle des secrets bien plus sinistres encore…
Lingering (Hotel Leikeu) est un film coréen, écrit et réalisé par Yoon Een-Kyoung, qui en est à ses premières armes derrière la caméra. Il en résulte une œuvre d’une efficacité visuelle surprenante, qui insuffle au cadre de l’hôtel une apparence somptueuse. Les intérieurs sont tournés avec un faible éclairage, diffusant des ombres partout, ce qui agrémente la tension cinématographique propre aux histoires de fantômes. Ces scènes contrastent bien avec les extérieurs lumineux, qui offrent un certain réconfort en opposition à toute cette obscurité. Le bâtiment sent la solitude et l’isolement. Bien sûr, on a tôt fait de remarquer les similitudes avec le célèbre hôtel Overlook du The Shining grâce à ses passages labyrinthiques et même une chambre où a eu lieu un funeste drame. Cela dit, l’atmosphère n’atteint jamais les mêmes hauteurs que la création de Kubrick, ne devenant jamais tout à fait un personnage à part entière. On observe aussi une forte inspiration japonaise pour ce qui est de l’entité; robe de nuit blanche, longs cheveux lisses et noirs qui font écho à Sadako de Ringu.
De beaux draps mal étoffés
En plus d’une mise en scène réussie, la production s’appuie sur un casting efficace, particulièrement avec la dynamique entre Yoo-mi et sa petite soeur Yoon Ji-yoo, respectivement campées par Se-Yeong Lee et So-yi Park. Par contre, on sent consentement la volonté du réalisateur de vouloir raconter une histoire plus complexe que nécessaire, en entremêlant au drame familial une enquête policière sur des disparitions mystérieuses; arc narratif pour le moins superflu, créant ainsi un désordre dans le scénario. Les éléments et les personnages de l’intrigue donnent l’impression de changer d’une scène à l’autre et garder un œil sur ce qui se passe réellement devient un défi en soi.
Le réalisateur Yoon Een-Kyoung semble tellement préoccupé à raconter une histoire sinueuse que les opportunités de créer une atmosphère et du suspense sont gaspillées. D’ailleurs, le film regorge de jumps scares très bien amenés (surtout le premier), mais la trame narrative trop lourde empêche plus souvent qu’autrement le spectateur de profiter pleinement de ces moments de frayeur.
Le rythme s’accélère au troisième acte et offre une conclusion satisfaisante, sans toutefois rapiécer le fil décousu du reste de l’œuvre. Au final, Lingering reste un beau pastiche de films de fantômes, sans pour autant rien apporter de nouveau au genre.
Lingering est disponible dès maintenant sur Shudder.