À première vue, Lisa Frankenstein semblait nous promettre une comédie noire dans un paysage des années 80 avec Kathryn Newton et Cole Sprouse en tête d’affiche. En effet, c’est bel et bien ce qu’on nous sert, mais dans une structure mollement rythmée, un humour inconstant et certaines scènes dénuées de sens. Cette première réalisation de Zelda Williams, fille du feu Robin Williams, est basée sur le scénario de Diablo Cody, qui a notamment signé Juno (2007) et Jennifer’s Body (2009). Williams commet malheureusement quelques erreurs de parcours qui nous empêchent de s’ancrer dans un récit qui était autrement rempli de potentiel.
Lisa, une adolescente marginale au lourd passé, détonne de ses pairs par sa passion pour la poésie noire et les cimetières abandonnés. Lors d'un accident fortuit, un jeune homme décédé, dont elle entretenait la tombe revient subitement à la vie. La paire se liera alors d'une amitié non conventionnelle où le sang coulera à flot.
Inconstance et retenue
Alors que Jennifer’s Body s’assumait dans son style film d’ados rencontre film de vampires et son humour tranchant, Lisa Frankenstein ne va pas au bout de son excentricité. Si c’était le cas, le film aurait pu briller dans l’excès en embrassant son côté camp avec des personnages satiriques, beaucoup plus de sang et une comédie sans retenue. L’œuvre tangue plutôt vers un entre-deux incertain et déconstruit des archétypes classiques dans un espoir de rafraîchissement, mais en conserve d’autres pour ne pas déstabiliser le grand public. On retrouve notamment une belle empathie dans le personnage de la demi-sœur (Liza Soberano), cette cheerleader au grand cœur tentant désespérément d’inclure Lisa lors d’évènements sociaux. Tandis que d’un autre côté, on préserve la belle-mère cruelle et injuste (Carla Gugino), qui a une dent contre sa belle-fille. Cette idée, même si intéressante, nous laisse plus confus qu’investis.
Ce sont ces inconstances dans la construction des rôles et le manque de cohésion générale qui font échouer Lisa Frankenstein. Les personnages ne sont pas assez développés et leurs intentions ne sont pas assez claires. La créature, incarnée par un Sprouse au corps crispé, apparaît de nulle part, par magie. L’évènement qui le ramène à la vie n’est pas orchestré par Lisa spécifiquement (lors d’un rituel par exemple). Il semblerait simplement surgir d’un coup de tonnerre et d’un miroir cassé simultanément. Qui était-il avant sa mort? C’est une petite animation intégrée lors du générique d’ouverture qui nous laisse comprendre son passé ambigu, mais sans plus.
Pour sa part, Lisa est jouée par une Newton dynamique qui interprète la fille étrange et incomprise. L’actrice réussit relativement bien à incarner une personnalité loufoque avec ses manières singulières, mais la quête imprécise de son personnage lui nuit dans la direction de son jeu. Lisa ne nous fait alors ni chaud ni froid.
Quelques bons coups à applaudir
Il faut tout de même applaudir certains choix qui mettent un baume sur les maladresses dénotées précédemment. Ce qui réussit : l’univers esthétique de 1989 avec un quartier aux couleurs pastel rappelant la mise en scène d’Edward aux mains d’argent (Edward Scissorhands), les costumes, la musique d’Isabella Summers, le lit de bronzage défectueux qui colle les membres manquants de la créature, certains gags bien intégrés et la chimie partagée entre « la belle et la bête ».
Bref, en passant outre les erreurs de montage et le manque d’homogénéité de l’histoire, on peut tout de même prendre plaisir à regarder Lisa Frankenstein pour son souci de scénographie et ses quelques scènes divertissantes.
Lisa Frankenstein arrive en salle le 9 février.
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