Qu’est-ce qu’on pourrait bien écrire de plus sur le sujet? À moins que vous viviez complètement coupé des réseaux sociaux ces dernières semaines, vous savez que le dernier Oz Perkins est comparé à une poignée de chefs-d’œuvre du 7e art dans sa course à la meilleure citation de presse, et qu’il risque de vous empêcher de dormir ad vitam æternam. Mais s’agit-il vraiment du film le plus terrifiant des 32 dernières décennies? Celles et ceux qui ont une ou deux campagnes publicitaires derrière la cravate le savent : ben non! Ça n’empêche toutefois pas Longlegs d’être diablement recommandé.
Dans les années 90, l'agente du FBI Lee Harker (Maika Monroe, It Follows) est chargée d'une enquête sordide afin de retrouver un tueur en série dont les méthodes rendent perplexe. En effet, celui que l'on surnomme « Longlegs » semble opérer par des voies occultes pour décimer des familles entières. Son intuition la mènera rapidement près du but.
Depuis la parution de The Blackcoat’s Daughter en 2017, les fans d’horreur dite psychologique attendent les nouveaux Perkins comme le Nouvel Évangile et pour cause : malgré sa courte feuille de route (Longlegs est seulement son quatrième long métrage), ses propositions sont inspirées et originales, en plus d’être assez magnifiques visuellement merci. Ce dernier titre n’échappe pas à la règle en puisant directement dans la décennie des meilleurs thrillers — oui, Se7en et The Silence of the Lambs — pour concocter un amalgame ésotérique et sinistre très efficace.
Les habiletés du cinéaste ne sont plus trop à prouver : la réalisation impeccable et précise alterne entre les scènes à la 16mm et les flashs surréalistes-satanistes pendant que le montage en montre juste assez pour faire frémir. La plus grande réussite de Longlegs demeure la construction de ses ambiances, des effets sonores travaillés pour une immersion déstabilisante aux hors-champs et aux ombres et lumières qui dissimulent (ou pas) des présences inquiétantes.
Impossible d’aborder Longlegs sans mentionner la présence de Nicolas Cage dans le rôle du maniaque, que le film s’amuse à garder comme surprise. En effet, c’est un acteur complètement transformé physiquement qu’on découvrira au fil de l’intrigue — encore un look queer pour un vilain, vraiment? Cage, qui carbure au cinéma de genre, nous soumet ici probablement l’une des performances les plus excessives de sa carrière, mais dans le contexte, ça fonctionne… et c’est terrifiant. Si Monroe s’avère tout aussi singulière, mais pour les raisons inverses, ce sont les performances secondaires fulgurantes d’Alicia Witt (Urban Legend) et de Kiernan Shipka (The Blackcoat’s Daugther, Totally Killer) qu’on retiendra le plus.
Mais Longlegs n’est pas sans faille. Même si la réalisation cherche à rejoindre celle des Fincher et Demme, on ne peut en dire autant du scénario. Les rouages de l’enquête esquissée sont parfois un peu simples et mous — le pan complet des fameuses lettres cryptiques n’apporte malheureusement rien à l’intrigue, par exemple — et, surtout, ne résistent pas à l’analyse. De plus, la résolution de l’énigme s’avère un peu décevante alors que le public aura littéralement besoin de se la faire expliquer à l’écran.
Autrement, Longlegs est porteur d’imageries sombres qui restent en tête, de performances hors normes et d’une certaine folie camp qui ébranle et amuse à la fois. Il s’agit également d’un film qu’on voudra revoir plus d’une fois pour en apprécier toutes ses subtilités. Entre les Inside Out 2 et Deadpool & Wolverine, il semblerait que l’été 2024 sera marqué par un thriller décalé, sanglant et, par dessus-tout, complètement diabolique.
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