origine du mal

[Critique] L’origine du mal: ce diabolique poison familial

La production franco-québécoise L’origine du mal est le genre de film qui plaira aux amateurs.trices de suspense provenant de décennies antérieures. Les polars à la Gone Girl sont dorénavant beaucoup moins en vogue qu’à une certaine époque, et celui-ci se démarque.

Voulant connaître son père dorénavant souffrant, Stéphane, une femme aux moyens modestes, accepte d’aller séjourner dans le luxueux manoir de celui-ci. Alors qu’elle fait la connaissance de la famille actuelle du paternel qu’elle découvre par la même occasion, Stéphane comprend qu’elle n’est pas la bienvenue, mais aussi que des tensions malsaines sont maintenues au sein du quatuor féminin mystérieux évoluant autour du vieil homme.
L'Origine du mal affiche film

Scénarisé et réalisé par Sébastien Marnier, L’origine du mal, dont le titre pourrait faire écho au tableau L’Origine du monde du Gustave Courbet dans sa manière de s’autoriser plusieurs portraits de femmes, célèbre astucieusement la chute du patriarcat, tout en posant un regard glacial sur le pouvoir de l’argent. S’ouvrant sur un récit touchant de retrouvailles, la trame déboule très lentement vers un thriller des plus captivants. Les quelques excès perceptibles dans la construction de ces personnages sont volontaires, et nous donne parfois l’impression que l’héroïne regarde le défilé d’un carnaval tellement l’ironie y est flagrant. C’est lorsque le spectateur croit avoir certains repères qu’une pluie de coups de théâtre ruissellent sur lui et qu’il se voit emporté dans la tourmente de ce divertissement étoffé.

Si les thèmes rappelaient déjà plusieurs maîtres du thriller, la réalisation efficace de Marnier convoque aussi, pour le plus grand plaisir des cinéphiles, certaines de leurs habitudes. Qu’il s’agisse des plans divisés de De Palma, des regards remplis de songes à la Hitchcock ou de cette caméra qui traque la bourgeoisie vue maintes fois chez Chabrol, sa réalisation est sophistiquée et subtile.

Utilisée dans un contre-emploi qui lui va comme un gant, Laure Calamy (Antoinette dans les Cévennes, Seules les bêtes) est impeccable, alors que la Québécoise Suzanne Clément est inoubliable dans un second rôle exigeant.

Au final, L’origine du mal est un excellent film. D’après les critères d’Hitchcock, son visionnement vaut amplement le prix du billet, le tarif de stationnement et le coût de la gardienne qu’il peut occasionner. Honnêtement, on s’y amuse du début à la fin.

Note des lecteurs0 Note
Points forts
Les acteurs remarquables
Les coups de théâtre
La mise en scène solide
Points faibles
4
Note Horreur Québec

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