Après Saint Maud, une première réalisation qui fut bien acclamée en 2019, la réalisatrice Rose Glass reconfirme son talent avec la sortie de son nouveau projet Love Lies Bleeding (D’amour et de sang). Cette coproduction signée A24 et Film4 regroupe notamment Kristen Stewart, Katy O’Brian, Ed Harris, Jenna Malone, Dave Franco et Anna Baryshnikov. La belle brochette d’acteur·trice·s nous invite au cœur des années 80 où le sang, la sueur et l’amour se mélangent pour nous offrir une sorte de réitération passionnelle et psychédélique de Thelma & Louise.
Lou (Stewart), propriétaire d'un gym, rencontre Jackie (O'Brian) une culturiste aux larges ambitions. En s'entraînant pour participer à une compétition à Las Vegas, Jackie s'amourache de Lou qui la supportera coûte que coûte dans l'atteinte de ses rêves. Une violence omniprésente flotte toutefois autour du nouveau couple qui ne pourra pas s'en échapper…
Sans retenue, en toute authenticité
Love Lies Bleeding ne tourne pas autour du pot. Dès la première rencontre entre Lou et Jackie, la tension monte en flèche : les corps s’entremêlent dans des ébats musclés sous une mise en scène rappelant les pornos kitsch des années 80. Glass n’hésite pas à retirer le caractère tabou de la sexualité lesbienne à l’écran, qui rappelons-le, manque encore de représentation même à ce jour. Avec ses couleurs chaudes et son emphase sur la corporalité, le film déborde d’une sensualité bouillante, interprétée par un duo à la chimie indubitable (possiblement l’une des meilleures performances de Kristen Stewart).
Cette première partie bien rythmée et engageante met majoritairement en scène l’éclosion de la relation entre les deux protagonistes qui ont toutes deux leurs lots de vices cachés. D’un côté, Lou se voit aux prises de visions — teintées d’une lumière rouge sang — qui suggèrent un passé obscur et une prédisposition à la violence, en plus de souffrir d’une vilaine dépendance à la cigarette. De l’autre, Jackie semble fuir sa famille en Oklahoma pour des raisons mystérieuses et s’aventure dans le monde dangereux des suppléments sportifs. En cohésion dans leurs transgressions, les femmes alimentent un brasier qui ne tardera pas à exploser.
La reprise du pouvoir et la rage féminine
Le film déroge des archétypes de la femme vulnérable et de l’homme au pouvoir avec la subversion des rôles de genre. Avec ses muscles, on rattache à Jackie la force physique et la puissance typiquement associées aux personnages masculins et à Lou l’omniscience, l’intelligence et le sens de l’initiative. Même si le père de Lou est reconnu pour être le bandit à craindre de la ville, on accorde plus de crédibilité au duo qui prouvera éventuellement ce dont il est capable.
De fil en aiguille, les amoureuses se tremperont effectivement les pieds dans le crime : éclaboussures et angoisses seront au rendez-vous, alors qu’on assistera à la manifestation de la « rage féminine » sous ses formes diverses.
Tester les limites du réel
En plus d’apporter les traits d’un thriller traditionnel, la réalisatrice explore des avenues uniques pour les sagas des personnages et en matière de techniques visuelles. Sans révéler quoi que ce soit, l’œuvre finit par se dynamiser encore plus, jusqu’à frôler l’ordre du fantastique et du surréalisme. On salue l’audace de l’équipe qui, plutôt que de rester droitement sur un chemin surexploité, a pris un risque qui a payé fort.
Love Lies Bleeding est une création subversive dans sa queerness et ses personnages féminins complexes qui embrassent leurs démons intérieurs. Structuré, intense, sensuel et sanguinaire, ce film ne vous décevra certainement pas, puisque la qualité de ce long métrage a beaucoup à offrir!
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.