Lumberjack the Killer

[Critique] « Lumberjack the Monster » : se perdre dans la tête d’un tueur et dans la nôtre

En tant que fan de cinéma de genre, il est pratiquement impossible de n’avoir jamais entendu le nom de Takashi Miike. Le cinéaste japonais légendaire et extrêmement prolifique compte à ce jour 115 réalisations à son actif, dont certains devenus cultes tels que Visitor Q, Ichi the Killer ou encore Audition. Mais mettre en scène trois films par an ou plus donne des œuvres de qualité souvent douteuse. Reste à savoir si Lumberjack the Monster, maintenant chez Netflix, portera l’étiquette de culte ou celle d’une autre production oubliable…

Quand un meurtrier psychopathe survit à l'attaque d'un tueur portant le costume d'un personnage de conte folklorique, il décide de mener son enquête en parallèle à celle de la police dans le but de se venger. Mais lorsque la puce implantée dans son cerveau qui bloquait son sens de l'empathie cesse de fonctionner, sa quête de vengeance se trouve mise en péril par une adversaire imprévue : sa propre humanité…
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Si en lisant le synopsis, vous avez pensé aux mots alambiqué, tarabiscoté ou encore capillotracté, vous n’êtes pas les seuls. Le nouveau film de Takashi Miike est… ridiculement complexe. En surface. Lumberjack the Monster tente de mélanger les genres du thriller policier, du film d’horreur et de la science-fiction de manière particulièrement maladroite, et l’exercice n’est pas aidé par les multiples sous-intrigues qui peinent à s’imbriquer naturellement dans le récit.

L’aspect enquête policière, par exemple, n’existe que dans une optique explicative. Les détectives responsables de l’investigation ne sont présents que pour déblatérer de l’exposition et monologuer sur le passé des véritables protagonistes du récit, histoire que le public comprenne un minimum l’intrigue qui se déroule sous ses yeux. Même l’aspect science-fiction n’est présent que pour justifier l’existence de la puce cérébrale sans laquelle le scénario serait totalement incohérent au niveau de ses thématiques. Lumberjack the Monster a tendance à surexpliquer chacun de ses éléments narratifs au point où on sent venir à des kilomètres chaque révélation voulue clairement comme des twists pour retourner le cerveau. Le tout semble véritablement forcé, comme si on tentait de camoufler une histoire d’une trop grande simplicité en complexifiant sa structure.

Ceci dit, l’expérience gigantesque de Takashi Miike derrière la caméra nous sauve de l’incohérence totale. En effet, sa mise en scène est particulièrement léchée et suffisamment précise pour qu’on ne se perde jamais dans les dédales labyrinthiques que le scénario propose. Aidé par un montage soigné au possible, le talent du réalisateur est impossible à mettre en doute et constitue la seule barrière entre le public et la confusion complète qu’il devrait ressentir en visionnant le produit final. Les fans du réalisateur reconnaîtront d’ailleurs assez vite son style devant la violence extraordinairement exagérée de ce nouvel opus. Lorsque le sang gicle, il ne se retient pas d’être projeté partout comme une fontaine, et c’est plutôt jouissif. Ceci dit, il ne gicle pas si souvent. Bien que les deux premières scènes promettent un film inondé d’hémoglobine, passé un certain laps de temps, on réalise que le gore et la violence sont plutôt absents finalement. Étant donné le focus plus mit sur l’aspect enquête, on arrive plus souvent après les faits sanglants que pendant.

Le film est rythmé par une narration qui nous relate le conte d’un monstre déguisé en bûcheron, assassinant un à un les résidents du village où il s’était installé. Le début de chaque acte majeur est introduit par un chapitre de cette histoire, dont l’utilité réside dans ses thématiques, identiques à celles du film, à savoir la question de nature contre culture. Est-ce que les tueurs naissent tels quels ou sont-ils créés et modelés par l’environnement dans lequel ils grandissent? Une idée donc intéressante, mais déjà beaucoup mieux traitée ailleurs. Quoique rares sont les films qui empruntent autant de chemins pour arriver à destination.

Lumberjack the Monster est donc une œuvre qui, bien que très amusante à regarder, manque beaucoup de dosage dans son récit et aurait bénéficié d’une réécriture ou deux. On peut toutefois difficilement bouder son plaisir pendant le visionnement.

Lumberjack the Monster est disponible sur:
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de monlogues mélodramatiques
de mystères mystérieusement mystérieux
2.5
Note Horreur Québec

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