En avertissement, avant de débuter Mad Heidi, on nous mentionne que l’oeuvre a été produite sans studio, ni financement, mais seulement par l’amour, la sueur et le dévouement de son équipe. Puis, le film s’ouvre, montrant une Suisse dystopique où la milice, gouvernée par un président totalitaire, a pris le contrôle de l’industrie du fromage. L’aliment est maintenant monnaie d’échange, et on en recherche la meilleure qualité, jusqu’au marché noir.
On nous présente alors la jeune Heidi, figure typique de la jeune tyrolienne suisse, qui s’est entichée de Goat Peter, l’un des transporteurs de fromage de contrebande les plus recherchés du village. Et bien que tous les habitants de la communauté alpine la regardent de travers, et que son grand-père, ex-révolutionnaire, lui recommande de s’écarter de cette relation dangereuse, Heidi n’en fait qu’à sa tête. Cela mènera bien vite à l’assassinat de son prétendant, et à la captivité de la jeune femme, qui formentera dès lors un plan de vengeance, d’une violence, absurdité et satisfaction que seuls les films de série B peuvent nous donner.
Mad Heidi se définit lui-même comme de la swissploitation, et chaque seconde de l’œuvre est un cri du cœur, une lettre d’amour au genre. Cumulant calembours sur le fromage, référents suisses et boutades culturelles, le film efface ses faiblesses scénaristiques grâce à sa légèreté. On ne sort jamais des sentiers battus, les codes des films d’exploitation sont respectés au pied de la lettre, et si le résultat final ne surprend pas, il n’en est pas moins réussi, pour ce que l’œuvre propose.
Bien sûr, on n’échappe pas au malegaze bien typique du film d’exploitation. Les personnages féminins, comme ce fût la coutume dans l’âge d’or de ce type de cinéma, sont toujours sexualisés et il n’est pas rare qu’une femme, même figurante, soit montrée seins nus sans grande raison. On y reconnaît la formule et bien que le geste soit probablement davantage référentiel que fait avec quelconque malice, il n’en est pas moins de trop, avec notre regard d’aujourd’hui. D’autres caractéristiques de l’exploitation sont tout aussi présentes dans le film, et s’inscrivent mieux dans notre époque, telles que les nombreuses références au cinéma classique parsemées dans le film. En effet, toutes les occasions sont bonnes pour tourner au ridicule la moindre caricature suisse, de l’antagoniste qui s’exclame «I love the smell of cheese in the morning», en référence à Apocalypse Now, jusqu’à une séance de torture à coup de Toblerone. Et c’est dans ces moments de folie que le film est à son meilleur. Et la tension culmine lorsque l’armée développe un nouveau fromage avec une teneur de lactose anormalement élevée, qui transforme tous ceux qui le consomment en sorte de monstre invincible, obéissant au doigt et à l’œil à ceux qui les ont nourris.
La quête de vengeance d’Heidi, qui débute réellement vers le milieu du film, donne un souffle nouveau à l’œuvre, alors que le public a enfin ce à quoi il s’attend. Et si les scènes d’action et de gore sont peu nombreuses, les effets pratiques sont réussis, juste assez loufoques et dégoûtants pour être efficaces. Encore une fois, absolument aucune surprise à prévoir, mais le public n’a rien à craindre: l’attente est longue, mais payante. Et le tout est campé par des interprètes surprenants, de Heidi (Alice Lucy) à tous les antagonistes, dont le président de la Suisse (Casper Van Dien) que certains reconnaîtront notamment grâce à son rôle culte dans Starship Troopers.
Mad Heidi n’est sans doute pas le film de l’année, mais il se vend comme un divertissement d’exploitation loufoque, et il atteint son objectif. J’ai terminé le visionnement sans aucune surprise, mais tout de même avec le sourire aux lèvres; cheddar ce genre de films.
Mad Heidi arrive sur demande, en numérique et en Blu-ray le 21 juillet.
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