David Moreau, co-réalisateur de l’excellent home invasion Ils en 2006, est de retour avec MadS, une virée où abus de drogues deviennent synonymes d’hallucinations et de paranoïa. Tournée en un seul plan séquence, la production française qui atterrit en exclusivité sur Shudder ce vendredi se ressent davantage comme un mauvais bad trip qu’une expérimentation psychotonique.
Romain (Milton Riche dans un premier rôle) sort de chez son dealer le nez bien rempli d'une drogue aux ingrédients non identifiés. Le jeune homme saute dans sa décapotable (ou plutôt celle de son père) et croise sur son chemin une femme en détresse. La rencontre sanglante donnera le coup d'envoi à « la nuit la plus longue ».
Let’s Scare Julie, Unfriended, Silent House (ou La Casa Muda), les années 2010 nous ont proposé quelques exemples horrifiques « tournés one take », qui comptaient sur la gimmick pour créer un genre de cinéma-vérité et peut-être ainsi nous terroriser encore plus. Mais c’est surtout à Climax auquel on pense ici, pour la forme et pour le fond — le fond du punch, plus précisément.
À ce sujet, MadS arrive peut-être un peu tard dans le portrait alors que la technique n’est plus tant un argument de vente pour personne. Le format sert bien le propos d’une nuit d’intoxication cauchemardesque, mais devient avec cette dernière proposition plus pénible qu’immersive.
C’est qu’au final, ces 86 minutes en temps réel ne développeront virtuellement aucun sujet ni aucun personnage et ne font que cumuler les longueurs. La première partie suit Roman alors qu’il se retrouve en quelque sorte pris en otage par ses potes qui veulent faire la fête. Autres drogues et beats techno d’usage s’ajouteront au cocktail alors que l’essentiel des dialogues se résume à des : « Ça va!? T’as pas l’air bien? ».
MadS fait pourtant un véritable bon travail pour nous transmettre toute l’exaspération et la détresse de son personnage principal. La trame sonore génère des hallucinations auditives pour le moins grisantes et la caméra insiste mystérieusement sur des sources de lumière, comme pour titiller (ou plutôt exacerber) nos sens.
Ces efforts sont toutefois réduits à néant lorsqu’un certain changement de perspective opère à la narration. C’est à ce moment précis que MadS devient excessivement redondant et expose le vide abyssal de sa prémisse, aussi profonde qu’un mini sachet de poudre et qui n’évolue vers rien de plus concret qu’une course entre acteurs qui s’époumonent.
Ce qu’il nous reste après cette finale peu satisfaisante, c’est le soulagement de pouvoir enfin fermer le téléviseur et se sauver le plus loin possible de cet univers. MadS aura au moins eu le mérite de traiter du sujet de la dépendance de la manière la plus horrible possible.
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