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[Critique] « MaXXXine » : le dernier tour de piste du duo West et Goth au cœur d’une Hollywood extrême et colorée

Après avoir réalisé X et Pearl, deux films sortis en complète surprise en 2022, Ti West est maintenant prêt à conclure sa trilogie dans laquelle chaque œuvre s’inspire d’un style cinématographique différent, y transgressant les règles pour inspirer une réflexion sur l’art, le vedettariat et les sacrifices à engendrer pour atteindre la popularité. Et si le premier s’inspirait des slashers et de l’horreur folklorique, que le second adaptait les codes des thrillers hitchcockiens et de l’arrivée du Technicolor, le dernier, MaXXXine, prend une nouvelle tangente, puisant dans un univers référentiel drastiquement différent pour présenter l’évolution du personnage interprété par Mia Goth.

Après les événements traumatiques présentés dans X, Maxine Minx, jeune actrice du début de la trentaine, spécialisée dans les films pornographiques à petit budget, est prête à atteindre un niveau supérieur dans sa carrière. Aidée par son agent (Giancarlo Esposito), Minx s’établit donc à Los Angeles, où elle passe avec succès une audition dans la suite d’un populaire film d’horreur (celui-ci ressemblant énormément à Pearl, dans lequel Mia Goth tenait également le rôle-titre). Mais les rues sombres d’Hollywood sont dangereuses, surtout pour les jeunes femmes, alors qu’un mystérieux tueur semble s’en prendre aux populaires actrices de cabaret, semant la zizanie au sein de la communauté nocturne. Par chance, Maxine a assez d’ambition et de rage internalisée pour s’affranchir de cette menace, et peut-être enfin atteindre le succès et la vie qu’elle estime mériter.
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Alors que les deux premiers volets de la trilogie se déroulaient dans la même ferme campagnarde, un lieu isolé, MaXXXine, lui, se situe au cœur de la ville, permettant un rendu complètement différent à l’ensemble du film. Et si les thématiques et les ambitions de la protagoniste demeurent relativement les mêmes que dans Pearl, créant un parallèle évident entre les deux personnages interprétés par la même actrice, l’esthétisme et le style utilisés sont assez différents pour ne pas sentir de redite. Avec les codes du film noir, Ti West présente Los Angeles dans des couleurs vives, souvent éclairées au néon, créant un contraste avec les lieux sombres où se déroule l’histoire. Le film rend également un hommage puissant au giallo, présentant ce tueur mystérieux, une silhouette affublée d’un chapeau et d’épais gants de cuir pour cacher son identité, commettant une série de meurtres assez crûs et graphiques dans des lieux aux teintes éclatantes et quasi surréelles. Ce troisième opus est définitivement plus extravagant que ses prédécesseurs au niveau de son esthétique, et le ton crée une distinction intéressante par rapport aux deux premiers films.

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Au niveau de l’intrigue, cependant, la dernière proposition de Ti West est moins originale que le reste de sa trilogie. Alors que les deux premiers volets transgressent certaines règles cinématographiques afin de faire avancer son récit, MaXXXine se contente davantage d’émuler le style, sans nécessairement aller plus loin. Évidemment, on trouvera plusieurs rappels à X ou Pearl au travers de l’intrigue, et la connexion entre les trois films est assez intéressante pour justifier ce dernier. Mais au-delà du style, l’histoire est plutôt conventionnelle, mélangeant habilement les genres tout en y insérant des références à Hollywood, plongeant le public dans une atmosphère maîtrisée et réussie, sans pour autant lui offrir de réelles surprises.

Malgré tout, MaXXXine est une réussite qui cadre bien dans l’univers créé par Ti West, approfondissant la réflexion et ses personnages un peu plus loin, créant une sorte de boucle reliant l’ensemble. Le projet du réalisateur avec cette trilogie est un exercice de style rafraîchissant qui aura créé un bon tour d’horizon de plusieurs époques du cinéma, tout en les réunissant autour d’une même quête de succès malsaine, de culte de la beauté et de la violence, et de ce milieu malsain que fût et est encore l’industrie du cinéma. Le pari de Ti West est réussi, et s’il lui vient l’envie d’explorer un nouvel esthétisme cinématographique avec Mia Goth qui fixe la caméra dans des contextes complètement malsains, nous serons les premiers à l’accueillir les bras ouverts.

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Pour les fans...
de giallo, de néons et de Mia Goth
de l'esthétisme et la culture du nightlife des années 80
4
Note Horreur Québec
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