Paru récemment en vidéo sur demande, Mind Body Spirit est le premier long métrage d’Alex Henes et de Matthew Merenda qui, dans une ère d’influenceurs versus d’influençables, aborde un sujet bien d’actualité : la recherche incessante de soi-même et de son épanouissement mental, physique et spirituel, dans un monde où trop de personnes prétendent détenir la recette magique. Il est intéressant de noter que le film nous vient du studio de production Welcome Villain Films, qui nous a également offert le très sanglant Malum l’an dernier.
Anya, une aspirante influenceuse de yoga, entreprend un nouveau chapitre de sa vie en héritant de la demeure de sa grand-mère décédée. Dans les recoins secrets de la maison, elle fait la découverte d'un mystérieux manuscrit, déclenchant ainsi son initiation à une pratique rituelle censée régénérer et purifier son être.
Inspirer, expirer, patienter
Décrit comme un found footage, Mind Body Spirit démarre selon les codes prescrits. La caméra s’allume, plongeant directement dans une narration visant à capturer le naturel du quotidien, où rien n’est nécessairement poli ou parfaitement orchestré. Anya (brillamment incarnée par Sarah J. Bartholomew) est présentée avec toute sa maladresse de novice, cherchant désespérément un créneau, un but, un message à transmettre. Jusqu’à maintenant, on embarque pieds joints. Tout est mis en place pour générer une histoire qui dégénère en s’enfonçant dans une spirale d’horreurs successives.
Malheureusement, Mind Body Spirit perd son rythme rapidement, reprend souvent des mises en situation similaires ou encore coupe les coins ronds là où il aurait été valable d’avoir une (ou plusieurs) petites informations supplémentaires à la compréhension. Le style found footage exige un dosage précis de ce qui est superflu et de ce qui est essentiel afin de maintenir non seulement l’intérêt du spectateur, mais également la crédibilité du récit, puisque, rappelons-le, il s’agit ici d’une vidéo retrouvée présentant des événements réels et authentiques… non?
Fusion et confusion de styles
Il convient toutefois de souligner que le film adopte un format hybride, oscillant entre le style du found footage et les prises de vue conventionnelles. On se demande à quelques reprises qui peut bien avoir activé la caméra pour capter certaines scènes, car le film mixe captures sur cellulaire, visioconférences sur ordinateurs portables et mises en situations qui, logiquement, ont probablement été filmées par l’équipe de tournage (pourquoi se filmer pendant son sommeil?). Ce mélange de prises de vues altère le ton du film et brouille parfois le fil conducteur de l’histoire. En plus de cette combinaison peu conventionnelle de genres, Mind Body Spirit intègre également de fausses publicités dans le style de YouTube. Bien qu’elles s’intègrent parfaitement à la thématique du film, ces dernières perturbent néanmoins le rythme, interrompant parfois des moments où l’intrigue aurait pu avancer vers des révélations importantes.
De plus, le petit budget du film résulte en l’usage évident d’astuces pour ne pas avoir à montrer certaines scènes sanglantes directement à l’écran, laissant à notre imagination le « privilège » d’entrevoir ce qui a pu réellement se passer. En effet, la caméra fuyante qui s’amuse à s’éloigner de l’action au moment le plus opportun est surutilisée et finit par nous faire grogner un peu.
On se doit tout de même de souligner une fois de plus le jeu crédible de Sarah J. Bartholomew, avec mention honorable à Madi Bready, qui revient à l’écran à quelques reprises et insuffle avec brio un peu plus de tonus au film.
Somme toute, Mind Body Spirit se veut un bel exercice de found footage, mais les cinéastes requièrent encore quelques séances d’entraînements méditatifs sur le style avant de maîtriser les postures avancées des maîtres yogis qui ont excellé dans le genre.
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