mother trailer poster Jennifer Lawrence

[Critique] Mother!: la fausse couche d’Aronofsky

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3
Note Horreur Québec

Trois ans après le flop de Noah en 2014, le réalisateur américain Darren Aronofsky nous revient ici avec le drame d’horreur Mother!, dont il signe également le scénario. Possédant une filmographie presque impeccable, est-ce que le septième long-métrage de celui qui nous a donné Requiem for a Dream lui a porté chance? Regardons de plus près…

Un couple (Jennifer Lawrence et Javier Bardem) voit sa petite existence tranquille être basculée par l’arrivée d’un médecin (Ed Harris) qui crèchera à leur immense demeure de campagne, suite à l’invitation du mari. Au fil des jours, plusieurs autres inconnus s’inviteront, dont la femme (Michelle Pfeiffer) et les fils de l’étranger; ce qui inquiétera l’épouse, soudainement victime de visions inexpliquées.

motherOn ne peut le nier, Mother! n’est pas sans rappeler Rosemary’s Baby, le classique de Roman Polanski. Un hommage? Certes. Tellement que le spectateur peut facilement deviner les prochaines minutes/secondes, et ce, à plusieurs reprises, ce qui peut rendre le dit «hommage» poussé un peu trop loin. Les énormes ressemblances des deux scénarios et quelques plans identiques auraient suffit comme clins d’oeil au film de 1968. À moins de faire partie des trois personnes qui n’ont toujours pas vu le chef-d’oeuvre de Polanski, rien ici n’est subtile.

D’ailleurs, il ne va sans dire que Mother! ne patauge pas dans la subtilité; tant dans le récit que dans les actions des personnages. Tout est surligné en jaune fluo. Aucune place au doute, aucune zone grise. La scène de l’arrivée des deux fils du couple d’inconnus, point tournant du film, frise le ridicule tellement que tout y est gros.

Autant la première partie fait penser aux tracas de la fragile Rosemary, avec une succession de scènes qui ne mènent à aucun développement significatif, la deuxième peut autant rappeler le troisième acte du Shining de Kubrick lorsque le personnage de la pauvre Wendy, victime d’hallucinations, tente de fuir l’hôtel. Étourdissante, cette dernière heure assez intense peut sembler brouillonne à plusieurs moments. La caméra à l’épaule, qui passe relativement bien durant la première heure, y est sans doute pour quelque chose. Ça bouge. Ça bouge beaucoup. On arrive d’ailleurs à se demander pourquoi le réalisateur de Black Swan a opté pour autant de gros plans rapprochés, en grande partie sur le visage statique de sa douce moitié, tout au long du film. Choix artistique nébuleux.

pfeiffer ed harris mother

Malgré tout, le bébé d’Aronofsky possède de belles qualités à commencer par sa distribution sans faille. Le couple formé par Ed Harris (série Westworld) et Michelle Pfeiffer (Murder on the Orient Express) est menaçant à souhait alors que celui de Jennifer Lawrence (Passengers) et Javier Bardem (No Country for Old Men) reste crédible malgré la très (trop!) forte ressemblance de celui du roman d’Ira Levin. Seule la présence de la comédienne Kristen Wiig (Saturday Night LiveGhostbusters) reste douteuse, surtout pour un aussi bref moment.

Mother! réussit également à garder le spectateur sur le bout de son siège. Étrangement, même avec son manque de subtilité, on se demande quand même comment toute cette galère va se terminer. Aronofsky réussit à créer un climat de tension soutenu pendant deux heures avec une quasi absence totale de musique. Le huis clos donnant l’impression de suffoquer avec la protagoniste y est certainement pour quelque chose. Un point fort du film. D’ailleurs, aucun personnage n’est doté d’identité quelconque. Aucun nom ou prénom n’est mentionné; probablement pour rester fidèle au thème de «l’étranger». Qui sait?

Mother! n’est pas totalement raté, mais on a l’impression d’être témoin d’un scénario inachevé qui aurait eu grandement besoin d’être peaufiné. De la part du réalisateur de Pi et The Wrestler, on aurait aimé quelque chose de moins emprunté et de plus près de son univers si singulier. Ceci dit, son p’tit dernier reste, somme toute, divertissant grâce à ses acteurs, son histoire tordue et son intense dénouement, mais toujours avec cette constante et agaçante impression de déjà vu et qui, malheureusement, n’arrive jamais à terme.

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