Se risquant vers une plage recluse et moins achalandée des tropiques pour profiter de leurs vacances, un groupe a vite fait de comprendre qu’il y est captif et que le site a la caractéristique d’accélérer leur vieillissement de manière radicale.
Impossible pour tout fan de cinéma de genre de ne pas être impatient de découvrir un nouveau film de M. Night Shyamalan. Après des mois de publicités, Old (Anormal) est enfin dans nos salles. Déjà la bande-annonce semblait bifurquer vers des eaux souvent explorées. En 1962, le cinéaste Luis Buñuel nous livrait L’Ange exterminateur, où les invités d’une réception bourgeoise se retrouvent, sans trop savoir pourquoi, prisonniers du salon de leurs hôtes. Le cinéaste y dressait une savoureuse satire, laissait flotter l’idée que l’emprisonnement pouvait réveiller certains démons. Des années plus tard, HBO nous proposait la série Lost, qui emprisonnait ses héros sur une île dotée de pouvoirs particuliers.
Old reprend certes ces idées de faire la paix avec soi-même, mais tente surtout de mettre en lumière ce temps qui est compté et que l’homme gaspille souvent. Sur papier, l’idée peut sembler prometteuse, mais c’est autre chose à l’écran. Shyamalan est capable du meilleur (The Sixth Sense, Unbreakable, Signs), comme du pire (The Last Airbender, After Earth). Malheureusement pour ses fans, Old fait partie de cette seconde catégorie.
À ses débuts, son cinéma racontait des histoires fascinantes qui culminaient par des finales complètement inattendues. La surprise devenait une cerise sur le gâteau. Au fil du temps, les conclusions chocs qu’il implantait à ses récits sont devenues le moteur de l’entreprise, et la trame les enrobant s’est transformée en prétexte pour arriver à ce rebondissement narratif. Voir son nom au générique devient presque le gage d’obtention d’un épilogue déconcertant. On comprend aussi que là réside sa relation avec le spectateur, qui spécule dès la bande-annonce de ce que pourrait être la clé de l’énigme.
Même si la trame de ce dernier long-métrage n’est pas inventée pour le grand écran, il fallait s’attendre à y retrouver cette avalanche d’explications dans le dernier tiers. En effet, Old est scénarisé par Shyamalan, mais il y adapte le roman graphique suisse Château de sable de Pierre-Oscar Lévy, illustré par Frederik Peeters.
Malheureusement, le cinéaste est incapable de transformer la facture dramatique du film en quelque chose d’inquiétant. Cette plage ne fait pas peur, ne fascine pas et ne fait que cumuler les morts. Un à un, selon leurs âges respectifs, les individus rendent l’âme sur le sable. La simple idée de vieillir de plusieurs décennies en quelques heures était anxiogène à souhait, et aurait pu proposer de véritables questionnements. Toutefois, certaines observations plus insolites manquent tellement d’audace que les allégories qu’elles créent deviennent candides. Par ailleurs, les retranchements finaux nous font l’effet d’une douche froide, en plus de manquer de cohérence.
Il reste que Shyamalan sait filmer, et c’est d’autant plus dommage de constater que ce talent est au service d’un récit aussi banal. Tout dans sa mise en scène, qu’il s’agisse des plans choisis ou de ses mouvements de caméra, semble mis en branle pour magnifier les différentes révélations.
Parmi une distribution un peu ampoulée, il faut quand même souligner le jeu très senti de Rufus Sewell (Dark City, The Illunionist), qui excelle dans des rôles plus excessifs.
Au final, Old demeure un énième film du cinéaste rempli de promesses qui n’aboutit qu’à peu de choses.