[Critique] Outpost: quand nos démons nous rattrapent à petit feu

C’est surtout pour des projets humoristiques que le comédien Joe Lo Truglio s’est fait connaître, plus particulièrement pour son rôle du détective Boyle dans la série américaine Brooklyn Nine-Nine. Grand amateur de films d’horreurs, il réalise et signe le scénario de son premier long-métrage avec Outpost, présenté au FrightFest Film Festival de Londres l’été dernier. L’œuvre met en vedette sa conjointe, Beth Dover (la série Orange is the New Black), dans le rôle principal d’une bénévole qui choisit de prendre du temps pour elle dans une tour de guet en montagne.

Après avoir survécu à une relation abusive, Kate (Dover), s’exile en forêt et devient surveillante d'incendies. Elle habitera seule au sommet d’une tour de guet pendant trois mois. En tentant de se retrouver, la femme sera hantée par les démons de son passé et son séjour ne se passera pas du tout comme prévu.

Outpost a quand même beaucoup de potentiel et nous réserve en plus quelques surprises. Malheureusement, l’inexpérience de Lo Truglio, tant derrière la caméra que derrière son clavier, se fait ressentir dès les premières minutes de visionnement. En effet, le texte comporte plusieurs dialogues risibles et les mouvements de caméra sont souvent maladroits et manquent de fluidité. Plusieurs choix de plans s’avèrent aussi douteux et rendent certaines actions des personnages confuses. Quelques effets spéciaux auraient pu bénéficier d’être réalisés en pratique plutôt qu’en numérique, le résultat final étant relativement caricatural.

Le réalisateur parvient tout de même à créer une bonne ambiance et joue très bien avec les thèmes de l’isolement, de la détresse et de la paranoïa. Kate tente de fuir son ex-copain abusif et le choix de situer son personnage dans un environnement habituellement masculin fait bien sentir la démence qui l’envahit. Pour ce rôle, Beth Dover livre une performance acceptable, mais qui manque un peu de crédibilité par moment. L’actrice est surtout habituée à des projets de comédie et son jeu s’en retrouve affecté ici.

L’influence de certains grands films d’épouvante est très présente tout au long du métrage. Joe Lo Truglio s’inspire plus particulièrement de The Shinning afin d’effectuer plusieurs clins d’œil aux fans d’horreur, mais au final toutes ses maladresses font que Outpost ne s’inscrira certainement pas au rang de ces classiques.