Hélas, les aventures sinistres de Miss Vanessa Ives, Sir Malcolm Murray et Ethan Chandler sont derrière nous, au grand dam des fans de Penny Dreadful — une des meilleures séries d’horreur à avoir vu le jour à ce jour, selon l’auteur de ces lignes. Depuis ce printemps, on peut se néanmoins rabattre sur City of Angels sur les ondes des Showtime, provenant du créateur original John Logan, pour espérer retrouver un peu ce qui nous avait tant séduit en 2014, mais dans une toute nouvelle aventure.
On se retrouve maintenant à Los Angeles, dans les années 30, où la communauté d’un quartier mexicain est ébranlée lorsqu’un projet d’autoroute, financé en secret par les Nazis locaux, menace de les exproprier. Parallèlement, Tiago Vega (Daniel Zovatto, It Follows, Don’t Breathe) intègre le service de police un peu trop blanc de la région et se voit confier une enquête de meurtres plutôt sensible où les victimes portent la marque du culte de la Santa Muerte. Tout ça, sous l’oeil malveillant du démon Magda (Natalie Dormer, Game of Thrones), qui rôde sous plusieurs formes pour parvenir à ses fins.
Penny Dreadful: City of Angels délaisse donc les ruelles sombres et pluvieuses de Londres pour les paysages ensoleillés de la Californie. Les monstres classiques sont également évincés pour laisser place au folklore mexicain, maintenant de plus en plus représenté chez les Américains, notamment avec Santa Muerte, une figure associée à la protection et à la guérison, ainsi que son ultime némésis, sa soeur Magda (cette dernière néanmoins inventée de toute pièce par Logan). La série s’ouvre d’ailleurs sur une magnifique séquence où on peut voir les deux señoras en action avec toute la poésie qu’on connaissait de la première série. Il faudra toutefois patienter bien longtemps pour retrouver un peu d’excitation par la suite.
En effet, les personnages de City of Angels sont nombreux. Peut-être même un peu trop. Et le scénario prend un temps fou pour nous les présenter. Natalie Dormer dans sa représentation du démon y incarne pas moins de quatre personnages puissants et tout aussi différents physiquement; un rôle qui doit faire mourir de jalousie la reine du déguisement Tilda Swinton. Omniprésente à l’écran, l’actrice fait preuve d’un charisme et d’un magnétisme étonnant. Pendant qu’on joue ainsi sur plusieurs tableaux, des intrigues au sujet de corruption policière, xénophobie, fascisme, homophobie et religion sont développées. Ces thèmes au coeur du récit, denses, puissants et très actuels, notamment depuis les mouvements #MeToo et Black Lives Matter, prennent le dessus sur les histoires de peur et l’horreur devient plutôt discrète pendant cette première saison. Malgré quelques scènes efficaces (la petite fille sans bras ni jambes!), on nage définitivement maintenant dans le thriller policier politique et les tribulations amoureuses impossibles du détective Vega occupent la majorité du temps d’antenne.
Le seul point comparable à l’original Penny Dreadful demeure la qualité de la production. L’époque est recréée avec une minutie époustouflante. D’ailleurs, le phénomène devient presqu’agaçant. Quand les décors sont aussi léchées et les personnages, riches ou pauvres, bons ou truands, sont coiffés et maquillés de manière opulente avec une extrême perfection, on perd un peu en authenticité. Même s’il s’agit d’un choix esthétique, probable que les salons de beauté ne devaient pas être très accessibles pour la classe ouvrière mexicaine des années 30.
Même si Logan et ses scénaristes prouvent qu’ils connaissent leur métier en entremêlant efficacement les intrigues lors des derniers épisodes, certains dénouements réussissent à toucher alors que d’autres semblent plutôt précipités, mièvres et même un peu ringards. Tout cela en dépit de la conclusion — et de cette dernière ligne de dialogue — qui véhicule un message excessivement puissant à notre époque.
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