En octobre, c’est un passage obligé: ça nous prend un film de possession. Pourtant, les propositions démoniaques se comptent par centaines depuis 1973 (vous devinez pourquoi), et très peu d’entre elles réussissent à laisser leur marque. Le cinéaste Daniel Stamm s’est déjà mis au défi en 2010 avec The Last Exorcism, produit par Eli Roth, avec un résultat variable. Il est maintenant de retour cette année avec Prey for the Devil (La proie du diable), qui tente une approche d’un point de vue féminin dans le sous-genre qui peine à se renouveler.
On y suit Ann (la Canadienne Jacqueline Byers, Roadies), une jeune sœur obstinée à devenir la toute première exorciste féminine. C'est qu'elle a côtoyé le Diable de près pendant son enfance: la nonne est persuadée que sa mère était sous son emprise. Maintenant que l'Église a rouvert les écoles d’exorcisme en raison d'une augmentation mondiale de cas de possessions démoniaques, sœur Ann veut obtenir sa place. En parallèle, elle s'amourache d'une fillette de 10 ans, pensionnaire de l'école qui étudie les possédés.
Elle est bien révolue l’époque où il suffisait qu’un tour de tête à 360 degrés pour terrifier un public. Depuis The Exorcist, les films de possession semblent n’avoir d’autres choix qu’offrir encore plus gros et plus fort, avec pirouettes et autres contorsions impossibles (on ajoute même du CGI ici) dignes des meilleurs artistes de cirque, pour espérer faire au moins autant d’effet que le classique ultime.
Prey for the Devil utilise bien quelques trouvailles pour tenter de montrer du neuf lors de ses scènes endiablées — la suffocation chevelue était bien vue —, mais ne parvient pas à faire oublier ces cinquante dernières années de tentatives. Pire encore, ces scènes en compagnie de Lucifer (en vrai, on ignore de quel démon il s’agit) se comptent sur les doigts d’une main et s’avèrent très routinières. Vous verrez venir les sursauts bien avant notre nonne aux cheveux platine, tandis que le climat de terreur est, quant à lui, pour ainsi dire inexistant.
Les premières scènes laissaient pourtant croire qu’on aurait droit à un commentaire intéressant sur la santé mentale à l’origine de ces cas de possession ou encore de la présence encore contestée des femmes au sein de l’Église. Pourtant, outre le point de vue différent de notre protagoniste, une avenue qui avait été abordée de manière beaucoup plus singulière dans Saint Maud, ces pistes sont rapidement esquivées alors que la seule véritable notion captivante qu’il nous reste demeure celle de la culpabilité utilisée par notre démon.
En vrai, Prey for the Devil se prend beaucoup trop sérieux. En effet, pour nous faire croire à une école d’exorcisme qui entasse les possédés dans les cellules high-tech d’un bâtiment à vocation relieuse, il aurait fallu se décoincer un peu et jouer davantage avec l’aspect ridicule de la chose. Et c’est sans parler de ce revirement imbuvable qu’on nous sert en fin de parcours et qui vous fera lever les yeux au ciel, comme une petite prière pour sauver l’âme de ces scénaristes.
Autrement, Prey for the Devil n’est quand même pas un navet: Jacqueline Byers y livre une performance assez nuancée en religieuse «nouveau genre» et la réalisation de Daniel Stamm est malgré tout plaisante pour l’œil. Il ne s’agit tout simplement pas d’un ajout digne de mention au panthéon des films de possession.
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