Project Dorothy est à première vue le genre de films d’horreur dont la pandémie nous a lassés. C’est-à-dire qu’il s’agit d’un long-métrage (à peine, puisqu’il dure 75 minutes) indépendant se déroulant dans un lieu clos avec très peu de personnages. Est-ce que la prémisse intéressante aboutie tout de même à quelque chose d’intéressant?
Après le braquage d'un coffre-fort qui a tourné au vinaigre, deux hommes décident de se réfugier dans un entrepôt abandonné avec leur trésor : un ordinateur portable qu’un client leur a demandé. Ils vont bientôt découvrir que l’intelligence artificielle qui hante l’usine désaffectée où ils se trouvent a soif de nouvelles connaissances et a quelques visées sur le disque dur qu’ils possèdent.
Le véritable drame de Project Dorothy réside dans son potentiel avorté, puisqu’il faut bien admettre que la paranoïa face à l’essor de l’intelligence artificielle est un sujet plus qu’actuel, et que plusieurs films ont d’ailleurs merveilleusement bien approché le sujet. Qu’il s’agisse de Her ou After Yang pour l’aspect dramatique, ou encore d’Ex Machina, Upgrade ou M3GAN, pour un angle plus inquiétant, les questionnements face à ces machines dotées d’intelligence pullulent le cinéma avec assez de succès. Une usine maléfique aurait pu se glisser une place parmi les tentatives réussies avec un bon scénario et un cinéaste de métier.
Pourtant, le manque de cohérence de la trame devient un champ de mines pour le moindre esprit analytique. Comment se fait-il qu’un danger comme ce hangar soit aussi facilement accessible à des inconnus et qu’on y ait laissé l’électricité nécessaire pour ramener une entité ayant causé autant de dégâts? Par ailleurs, le faible budget de l’entreprise, qui ne devrait pas trop se percevoir dans un huis clos entre deux personnes, montre le bout de son nez chaque fois que l’entité se risque à attaquer nos héros. Financièrement, le scénario ne pouvait pas s’offrir plus que des attaques de chariots élévateurs, répétant de manière ennuyante les mêmes épisodes de poursuite. Il va s’en dire que l’absence de suspense plane sur la totalité de l’entreprise.
La réalisation de George Henry Horton (Dark Obsession) est chaotique et frôle parfois l’amateurisme. Blâmer la mise de fonds est raisonnable, mais il y a tout de même des limites au manque d’inspiration.
Tim DeZarn (The Cabin in the Woods) et Adam Budron livrent des prestations plus qu’acceptables, mais c’est Danielle Harris, qu’on est habitué de voir interpréter des victimes depuis son jeune âge, qui surprend le plus par sa prestation vocale inspirée et glaçante de l’intelligence artificielle.
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