Parfois, un conflit bien simple, une situation unique, si elle est bien exploitée, peut être suffisante pour porter l’entièreté d’un long-métrage. C’est le pari qu’aura pris le réalisateur colombien (maintenant situé à Los Angeles) Andrés Beltran en isolant ses protagonistes de Quicksand, en pleine rupture amoureuse, dans une situation où ils ne pourront désormais plus fuir leurs problèmes.
Dans l’exposition du film, déjà un peu maladroite dans la façon de présenter le ton et les informations, on apprendra à découvrir Josh (Allan Hawco) et Sofia (Carolina Gaitan). L’ex-couple, qui garde leur récente rupture secrète (même si celle-ci transparaît littéralement dans l’ensemble de leurs dialogues), profitera de leur voyage professionnel en Colombie afin d’explorer la jungle en faisant une simple randonnée. Mais en accumulant les comportements absurdes, attribués autant à leur statut de touristes qu’à un scénario déficient, le duo se retrouvera prisonnier de dangereux sables mouvants. Sans personne pour les aider, à la merci des créatures de la forêt et des dangers de la jungle colombienne, ils devront s’en tenir à leur relation défaillante pour se sortir d’affaire.
Sur papier, l’idée de Quicksand peut sembler intéressante. On plonge les protagonistes dans une sorte de huis clos afin que, métaphoriquement, ils puissent faire évoluer leur relation, et ainsi éviter la menace qui les entoure. Mais malheureusement, l’exécution de cette prémisse est galvaudée, manque cruellement de finesse et d’originalité.
Déjà, la réalisation est un peu amateure, et le montage très tape-à-l’œil ne parvient pas à raffermir une mise en scène déjà chambranlante. Les moments de tension, où les personnages ressentent de la panique ou une émotion qui devrait être transcendée par le film, sont souvent amoindris par des défaillances techniques ou scénaristiques qui en annulent l’effet. Par exemple, au moment où Josh découvre Sofia embourbée jusqu’au cou dans les sables mouvants, son réflexe premier est de se jeter à plein ventre à ses côtés, moulinant de ses bras autour d’elle, semant la panique dans une situation qui n’en avait pas besoin davantage. Il est difficile de s’attacher à des protagonistes qui passeront le plus clair de leur temps à prendre des décisions aussi insolites.
Le film prend tout de même un nouveau souffle au moment où les deux personnages sont enfin coincés dans les sables mouvants. La situation est claire, les personnages sont caractérisés; le scénario peut arrêter de s’enliser, comme les personnages s’en occupent déjà par eux-mêmes. Et l’enchaînement de péripéties et situations qui suivent sont plus du ton de la série B que Quicksand l’est réellement. Quelques passages divertissent et certaines scènes sont même réussies, mais le tout est quand même teinté par des faiblesses techniques et scénaristiques trop fortes pour qu’on les ignore.
Malgré tout le potentiel de sa prémisse, il demeure difficile de s’attacher à quoi que ce soit dans l’intrigue, puisqu’aucune des tentatives de survie des protagonistes ne fait de sens. Les personnages sont parfois immobilisés par la boue, parfois non. Les menaces naturelles sont parfois présentes, et souvent, on les ignore afin de prioriser une énième dispute au sein du couple. Toutefois, les interprètes parviennent tout de même à se débrouiller au cœur d’un scénario plutôt faible, livrant une performance honnête qui allège le film.
Quicksand est disponible via Shudder.
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