La Terre est décimée. Une grande guerre de religion a tout détruit de notre humanité. Le seul espoir de la race humaine: deux androïdes, Mother et Father, qui débarquent sur Kepler-22b — la planète de composition similaire à la Terre découverte par la NASA en 2011 — avec une poignée d’embryons humains pour tout recommencer. Une décennie plus tard, la nouvelle petite famille moderne découvrira qu’elle n’est pas seule dans ce recoin de l’univers.
Imaginez l’histoire de la Bible, adaptée selon la théorie de l’évolution de Darwin et racontée par des maniaques de science-fiction. La série créée par Aaron Guzikowski (Prisoners) vient d’ailleurs chercher un gros nom important parmi ses producteurs et réalisateurs: Ridley Scott. En effet, Raised by Wolves suinte l’univers du réalisateur d’Alien par tous ses circuits. On reconnaît bien tout l’amour du cinéaste pour les histoires d’androïdes au sang laiteux et de créatures extra-terrestres menaçantes. Les premiers épisodes rappellent d’ailleurs inévitablement The Martian, alors que la nouvelle petite colonie tente de s’adapter et survivre au nouvel environnement, mais sombre rapidement en plein Prometheus — pour les détracteurs, il s’agit ici d’un compliment — lorsque les humains et autres monstres débarquent pour semer le trouble.
Comme on peut l’imaginer, la série dresse un portrait on ne peut plus nihiliste de la religion et de la condition humaine. Outre ses trouvailles technologiques futuristes qui impressionnent, le véritable génie de Raised by Wolves réside dans la construction de ses personnages, qui présentent une dualité complexe et fascinante. Dans quel clan êtes-vous? Les croyants ou les athées? Faites-vous davantage confiance aux humains ou aux machines? On mêle habilement les cartes au fur et à mesure que les enjeux se bouleversent dans ce récit fort en rebondissement.
En ce sens, l’actrice danoise Amanda Collin dans le rôle de Mother, une automate sophistiquée aux pouvoirs spectaculaires (explosions de sang épiques à prévoir!), réussit à nous faire à la fois sympathiser et détester son personnage, pourtant sans âme. Le couple Travis Fimmel (Warcraft) et Niamh Algar (Without Name), lui, avec sa double vocation d’imposteur, captive d’autant plus alors que les relations s’enveniment au sein du groupe d’humains extrêmes religieux.
Avec sa magnifique cinématographie, la série nous entraîne dans les paysages de l’Afrique du Sud, qui servent de décors à cette région désertique de la planète. Disons que le contraste avec les scènes de dévastation de la Terre, entrevues dans une poignée de flashbacks, est on ne peut plus évident. Le générique d’ouverture représente d’ailleurs cette guerre terrible dont il est question de manière plutôt énigmatique avec ses séquences animées et son thème musical qui devient de plus en plus obsédant au fil des épisodes.
Les créateurs ont concocté avec Raised by Wolves un nouvel univers pour le moins original, aux possibilités infinies. La conclusion de cette première saison répondant à autant de questions qu’elle en soulève, certains en seront irrités, alors que d’autres s’en retrouveront assurément passionnés. Sachez qu’une seconde saison est déjà confirmée et que Guzikowski mentionne même en entrevue que le récit en place pourrait se développer jusqu’aux saisons 5 et 6. Il semblerait que Kepler-22b nous réserve encore bien d’autres secrets.
On peut voir la première saison de Raised by Wolves au Québec via Crave Canada.
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