Le cinéaste québécois Alain Vézina (Le Scaphandrier) nous revient avec un deuxième film, un documentaire cette fois, concernant l’une des légendes les plus célèbres du Québec, celle de «La Corriveau». Mais si le film s’intitule La Cage, c’est bien parce qu’il s’attarde notamment sur le symbole de cette cage de fer dans laquelle Marie-Josephte Corriveau, la soi-disant sorcière et meurtrière, fut exposée en 1763 après sa pendaison pendant 5 semaines à l’intersection de deux rues à Lévis (aujourd’hui la rue Saint-Joseph et le Boulevard de l’Entente, pour les curieux).
C’est le rapatriement au Québec de cette cage «perdue», retrouvée par hasard au Peabody Essex Museum de Salem au Massachusetts en 2015, qui convainc Vézina de se lancer dans la production d’un documentaire sur la véritable histoire de Marie-Josephte. Le réalisateur a d’ailleurs eu un accès privilégié à la précieuse relique, question de pouvoir d’abord la filmer sous tous ses angles.
C’est par le biais d’illustrations d’antan qu’on nous raconte l’histoire de La Corriveau— les photographies et vidéo évidemment inexistantes sur le sujet — et c’est aussi l’une des forces du documentaire. La recherche est exhaustive et les oeuvres sélectionnées sont magnifiques et intrigantes. Au niveau des interventions, c’est clairement Dave Corriveau et Catherine Ferland, historiens et auteurs de La Corriveau: de l’histoire à la légende, qui volent la vedette. On les aurait écouté pendant des heures tellement leur passion sur le sujet est contagieuse.
L’héritage culturel de La Corriveau y passe au grand complet, de textes d’époque jusqu’à la chanson sur le sujet composée par Mes Aïeux. Vézina se permet d’ailleurs d’adapter à l’écran certains de ces écrits, notamment dans un segment inspiré d’un texte de Philippe Aubert de Gaspé issu du roman Les Anciens Canadiens (1863). Ces séquences de fiction intégrées illustrent une Corriveau peu originale, en mode Samara, les cheveux dans le visage, prisonnière de l’iconographie que la J-Horror proposait à la fin des années 90. L’absence de rythme et les erreurs flagrantes de post-synchronisation n’ont pas permis à la magie d’opérer comme souhaité.
Un choix curieux d’ailleurs… D’un côté le documentaire s’efforce de rétablir les faits pour casser l’image de sorcière/meurtrière de la femme et de l’autre, les mises en scènes insistent pour la dépeindre en monstre. Au final, La Cage prend une tournure patriotique étonnante, presqu’exagérée, et même si la portion docu remplissait bien son rôle, dommage que la qualité des ambiances créées pour l’habiller n’étaient pas à la hauteur.
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