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[Critique] Scream VI: Wes Craven doit applaudir de là-haut

Scream VI (Frissons VI) a vu le jour si rapidement qu’il y avait de quoi être sceptique. Lorsque le cinquième volet de la franchise Scream est paru en salle en janvier 2022, le Québec était confiné et les attentes des cinéphiles québécois avaient alors pris une certaine envergure. Peut-être un peu trop, puisque sans être une déception, nous étions très loin de ce à quoi le regretté maître Wes Craven nous avait habitué. Il faut dire que la révélation finale du ou des meurtriers manquait un peu de saveur.

L’annonce d’un sixième volet était tout de même alléchante, mais commençait à soulever beaucoup de doutes. Nous apprenions ensuite que l’actrice Neve Campbell, qui a maintenu sur ses épaules les cinq premiers volets, s’était retirée du projet suite à une divergence d’entente financière. Qu’allait nous réserver ce Scream VI?

Partageant maintenant un appartement à New York, les quatre jeunes survivants de la dernière tuerie de Woodsboro réussissent presque à vivre une vie normale. Ils forment un quatuor dont les liens sont plus solides que jamais, et même si Samantha demeure perturbée par ses origines, le cauchemar semble derrière eux. Subitement, un autre tueur masqué fait surface dans la grosse pomme et le groupe comprend vite qu’il est sa cible.
Scream VI affiche film

Scénarisé une fois de plus par James Vanderbilt et Guy Busick qui nous avaient pondu le film précédent, Scream VI nous propose une enquête policière beaucoup plus intéressante que celle du volet antérieur. Par ailleurs, plusieurs segments moins mouvementés permettent de mettre en lumière l’état d’esprit de ces sœurs qui traversent ce drame qu’elles ont vécu de manières totalement opposées.

Choisissant un cadre urbain rappelant la démarche de Friday the 13th Part VIII: Jason Takes Manhattan, que l’on cite habilement, la trame saisit bien les couleurs et les ténèbres de la ville (Montréal a fière allure sous son costume new-yorkais) pour passer aisément d’un moment festif à un moment de terreur. Mais la véritable force du scénario de Scream VI, c’est de raturer de son registre cette idée de reconstruction d’un genre pour l’assumer plus que jamais. Il va de soi que les originaux ont anéanti les règles du slasher pour les remodeler. Pourtant, la réédification des codes n’est pas automatiquement la seule issue possible pour souligner l’appartenance à un type d’histoires. C’est parce qu’il endosse ce qu’il est que Scream VI joue si diaboliquement avec le cinéphile voulant un énième tour de manège. On sait ce que le spectateur veut, on présume qu’il connaît les cinq premiers volets et c’est à ce niveau qu’on tentera de le déstabiliser.

Les créateurs ont amadoué ce désir excessif du cinquième film à vouloir offrir plus de clins d’œil que de matière, et c’est parce que la tombée du rideau n’aura pas cette prétention de dénonciation qu’elle sera plus enivrante que la dernière. Il faut bien admettre que si amusant fût-il, le précédent volet manquait d’argumentation. Dénonçant les suites inutiles, sans pour autant nous prouver qu’il n’en était pas une, le long-métrage de 2022 critiquait aussi l’horreur trop cérébrale et psychologique. On égratignait à peine cette dernière tendance cependant, et le film faisait office de peinture à numéros avec ses cases à combler. Nous nous y sommes pourtant tous amusés, et les hommages au regretté Wes Craven valaient à eux seuls le visionnement.

Scream VI image film

À la réalisation, Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett du collectif Radio Silence sont aussi beaucoup moins ankylosés que la dernière fois et s’approprient vraiment le cœur de la franchise au lieu de demeurer dans l’ombre de Craven. Plusieurs passages ménagent un suspense haletant, et sondent merveilleusement l’indifférence inquiétante pouvant sévir dans de grandes villes. Si les meurtres ne sont pas aussi originaux qu’on le prétendait et que le gore n’atteint aucun paroxysme, le film a le mérite de présenter des assauts très violents où la brutalité compense l’hémoglobine. Certaines scènes du dernier acte sont carrément hallucinantes.

L’absence de la vibrante Neve Campbell se ressent tout de même un peu. Au niveau des acteurs, la distribution est plutôt solide, mais l’humanité et la force que dégageait Sidney Prescott demeurent absentes.

Au final, Scream VI est une excellente suite qui donnerait certainement un élan de fierté à ce bon vieux Wes.

Note des lecteurs12 Notes
Points forts
Le suspense haletant
Les meurtres violents
L'excellente utilisation du cadre urbain
Points faibles
L'absence de Neve Campbell
4
Note Horreur Québec

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