Seeds First Look 1

[Critique] « Seeds » : les semences de la colère

De plus en plus de cinéastes autochtones exploitent les codes du cinéma de genre afin d’aborder les questions touchant de près ou de loin les Premières Nations. L’un des artistes ayant excellé dans cette démarche, Jeff Barnaby (Blood Quantum), nous a malheureusement quittés en 2022. Que nenni, la relève est bien présente et c’est le cas de l’actrice mohawk Kaniehtiio Horn (Possessor) qui présente son premier essai comme réalisatrice avec la comédie d’horreur Seeds.

Ziggy (Horn) est une influenceuse et, accessoirement, une « urban indian », comme la surnomme son cousin Wiz (Dallas Goldtooth), puisqu’elle habite à Toronto. De retour dans sa communauté, Ziggy réalise que son nouveau partenariat avec la compagnie de fertilisant Nature’s Oath est plus que problématique. Cette dernière est vivement critiquée, puisqu’elle détient un brevet sur des semences, ce qui pose d’importantes questions éthiques. 
Seeds Poster

Cette idée d’une multinationale qui détient un brevet sur des semences fait inévitablement penser au cas de Monsanto. En Saskatchewan, la compagnie avait poursuivi un fermier pour avoir fait pousser du canola issu de semences génétiquement modifiées sans payer pour celles-ci. Le fermier plaidait de son côté que son champ avait été contaminé accidentellement, soit par des semences emportées par le vent ou déversées par des camions.

Dès le début du film, on est d’ailleurs un peu surpris que Ziggy ait adhéré à un tel partenariat sans avoir fait plus de vérifications, mais il semble que l’appât du gain l’ait rendue imprudente. Si ce n’était que ça, seule son image aurait été impactée, mais il y a plus. Un employé de la compagnie l’a suivie jusque dans sa communauté pour lui voler des semences ancestrales, le bien le plus précieux de sa famille.

Après que cet employé ait tué son chat, Ziggy exige de se venger, et cette vengeance sera particulièrement brutale.

Bien sympathique dans les deux premiers actes – on s’attache très facilement au personnage de Ziggy et de son cousin Wiz – le troisième acte semble un peu garroché. Le sous-texte politique et anticolonial de Seeds devient très peu subtil, au point où on a l’impression de se retrouver devant un Elvis Gratton de Pierre Falardeau, mais sans retrouver la « finesse » de la parole pamphlétaire du regretté cinéaste québécois (c’est pour dire).

Qui plus est, des questions éthiques se posent lorsqu’on est confrontés à la violence décomplexée de la finale, flirtant avec le film de torture. Et cela, malgré le ton « humoristique » de la proposition. Cette torture fait peut-être un clin d’œil à des traditions ancestrales du peuple de Ziggy – à l’écouter, il semble que c’est ainsi qu’il traitait ses ennemis –, mais cette violence semble tout de même gratuite et disproportionnée.

En réalité, Ziggy ne s’en prend qu’à un seul homme, un simple fier-à-bras de la société Nature’s Oath qui ne sera finalement pas trop inquiété. L’impression de faire face à une œuvre (une vengeance?) inachevée se fait alors ressentir, ce qui est bien dommage.

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Pour les fans...
de torture
de chats
de culture autochtone
3
Note Horreur Québec

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