La feuille de route de William Brent Bell devient encore plus horrifique que ses productions. L’homme compte entre autres à son actif l’imbuvable The Devil Inside, les deux films The Boy (le premier s’était avéré un belle surprise, le deuxième beaucoup moins), et maintenant Separation, qui a connu une timide distribution en salle au printemps aux États-Unis et arrive maintenant chez nous via DVD et à la demande, sans plus de bruit. On comprend pourquoi.
On retrouve Jeff (Rupert Friend, Homeland) et Maggie (Mamie Gummer, The Ward), un couple tumultueux à la veille d’un divorce certain. Lui est illustrateur/bédéiste et rêveur sans emploi et s’accroche à l’idée de sa série qui a connu un certain succès il y a plusieurs années. Elle est avocate carriériste et résolument plus terre à terre. On entend le clash jusqu’ici. Entre les deux se trouve Jenny (Violet McGraw, The Haunting of Hill House), une gamine de 8 ans qui adore jouer avec les marionnettes creepy de papa. La mère sera victime d’un terrible accident et un visiteur inquiétant viendra perturber le deuil de papa et fille.
L’idée d’utiliser une séparation au coeur d’un récit horrifique aurait pu être intéressante: un divorce difficile peut en effet générer une bonne dose de traumas chez l’enfant qui le subit. Ajoutez à cela un monde imaginaire glauque en lien avec l’art du parent et la recette semblait bonne. Malheureusement, les créateurs de Separation ont tout faux et sur tous les tableaux.
D’abord, réalisateurs de films d’horreur, il faut qu’on se parle. Le coup du contorsionniste du Cirque du Soleil déguisé en clown, ça ne fonctionne plus. Pennywise a enfoncé le dernier clou au cercueil du sujet en 2019. Il vous faudra donc dorénavant être plus inventifs pour espérer nous tirer quelques frissons avec vos monstres. Ces minces doses d’horreur semblent insérées au hasard dans le montage, qui échoue lamentablement à créer un quelconque rythme, et ce n’est que le début d’une longue liste d’éléments qui ne fonctionnent tout simplement pas avec Separation.
Sans qualité esthétique aucune, la réalisation rappelle plutôt celles de séries B conçues pour la télévision au début des années 2000, les effets spéciaux et costumes n’aidant pas la cause. Bell a définitivement manqué de gaz créatif pour mettre en image ce récit avec des gimmicks visuelles et éclairages peu convaincants et une inaptitude à composer quelconque image. Le résultat est triste et beige, et côté ambiance, c’est zéro.
Mais le scénario de Nick Amadeus et Josh Braun ne vole pas non plus bien haut. Entre leurs mains, le sujet de rupture s’exploite dans les pires clichés du film d’horreur surnaturel et propose des revirements qui se devinent des siècles à l’avance. À l’interprétation, Rupert Friend est laissé à lui-même en compagnie de Madeline Brewer (The Handmaid’s Tale, Cam), qui ère dans quelques scènes et dont le rôle n’est jamais clairement défini. Amie? Gardienne? Ancienne collègue? Qui sait.
Le plus effrayant, c’est que Bell vient tout juste de terminer le tournage d’Orphan: First Kill, suite de l’amusant film de 2009 de Jaume Collet-Serra (le nouveau film emploie également nos Blood Brothers nationaux!). Malheureusement, Separation se situe dans le pire de ce que l’année horreur avait à nous offrir et l’espoir quant aux nouvelles aventures d’Esther devient bien mince.
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